Baptême du Seigneur A - 1998/1999

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La fête du baptême du Seigneur vient clore le temps de Noël. « Jésus paraît », nous dit l’évangile, « sur les bords du Jourdain ». Il s’agit là d’un fleuve unique au monde. En hébreu le mot « Jourdain » signifie « le descendeur ». S’il prend sa source dans le mont Hermon, à 520 mètres d’altitude, il est le seul à descendre si bas, dans la Mer Morte, à 394 mètres en dessous du niveau de la mer. Quelle est donc cette descente, cet abîme que symbolise ce fleuve si curieux ?

Une autre descente, à coup sûr, celle que nous rapporte l’évangile de Matthieu. Car Jésus n’avait effectivement nul besoin de confesser ses péchés ! Et pourtant, il va à son tour vers les eaux limoneuses du Jour-dain. Il vient pour se solidariser avec les pécheurs qu’il veut sauver, pour s’enraciner dans son peuple et le ramener vers le Père. Il descend au plus bas de l’enfer où croupit l’humanité pécheresse pour l’a faire remonter, purifiée.

En Jésus, commence une nouvelle création, celle d’un peuple nouveau, passé par le baptême de mort et de vie. L’eau est un mystère, qui traverse toute la Bible. Eaux destructrices du Déluge et eaux régénératrices du Jourdain. Mystère de vie et de mort, eaux sépulcrales et eaux maternelles, elles évoquent la traversée de la Mer Rouge et surtout le passage, à travers l’océan de la mort, du Ressuscité. A la puissance du mal signifiée par l’eau jaunie d’alluvions du petit fleuve de Palestine, Jésus apporte la présence de son infinie compassion. Depuis ce jour, il n’est pas de pécheur le plus abîmé qu’il ne puisse rejoindre. Il s’est fait le plus proche des plus loin.

Et c’est là, quand son humiliation arrive au plus bas, qu’éclate l’épiphanie, la ma-nifestation solennelle. L’étoffe céleste se déchire. En Jésus, Dieu se donne une Pa-role. Par sa vie, ses mots et ses gestes, il sera « la voix du Père » parmi les hommes.

L’Esprit à son tour descend « comme une colombe ». Son action discrète, mysté-rieuse, procède par petites touches respectueuses. Il est là, tout près, comme s’il voletait doucement au-dessus de la couvée terrestre d’où il fait surgir la vie. « Il est Seigneur et il donne la vie ». Car cet homme si semblable aux autres hommes, est le Fils de Dieu, tellement rempli de l’Esprit, qu’il pourra le donner à tous les hommes pour en faire des fils de Dieu.

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé; en lui, j’ai mis tout mon amour ». Jésus portait ce secret depuis plus de trente ans de vie cachée, et, aujourd’hui, au Jourdain, c’est l’éclatement de cet amour, de cette sainte-té, de cet ajustement parfait à la volonté de Dieu.

Le baptême révèle Jésus. Notre baptême nous révèle à nous-mêmes. Oui, baptisés, nous « remontons » des eaux du péché et de la mort par la puissance de l’Esprit et nous nous découvrons fils, sous le regard du Père. Avec Jésus, nous sommes conduits au désert du monde, pour triompher avec lui des épreuves. Avec lui, avançons-nous maintenant pour le repas du Fils bien-aimé, le Ressuscité.

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