Troisième dimanche de l'Avent A - 1998/1999

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Jean-Baptiste doute. Il se pose des questions. De sa prison de Machéronte, dans l’actuelle Jordanie, il a bien entendu parler des oeuvres du Christ. Mais elles ne sont pas celles qu’il avait annoncé sur les bords du Jourdain. Quel contraste entre son justicier la hache à la main (Matthieu 3, 10-12), et cet homme « doux et humble de coeur » (Matthieu 11, 29). Il avait prédit la vengeance de Dieu, et c’est la miséricorde qui est offerte avec douceur et simplicité. Aussi fait-il mener une enquête. Ses disciples interrogent Jésus : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » La question traduit une déception et une impatience face à Jésus. Le Messie devait libérer les prisonniers : mais alors pourquoi Jésus laisse-t-il son précurseur dans les cachots d’Hérode ? Nuit obscure de Jean...

Dieu est décevant

Sa déception est aussi la nôtre. Osons nous l’avouer. Dieu est déconcertant. Il nous déçoit souvent. Il n’est pas comme nous aimons l’imaginer. Il ne répond pas à nos attentes et à nos désirs. Tant que, comme Jean-Baptiste, nous désirons que Dieu fasse comme nous le « voulons », nous resterons profondément insatisfaits. Jean ne prendra sa véritable et définitive stature que lorsqu’il acceptera d’envisager d’être libéré de sa captivité non par un Dieu tout-puissant, mais par sa propre mort en communion à la mort prochaine du Messie lui-même, sur la croix...

A quels signes reconnaître Dieu... Jésus ?

Le précurseur a reçu une réponse en signes et en preuves. Mais il ne s’agissait pas d’éclat de victoire, ni de vengeance assouvie. Le Messie est bien là, la libération a commencé. Le Royaume de Dieu est inauguré. Autrement dit, l’imprévu a déjà surgi.

Car les signes de la présence du Royaume de Dieu n’ont rien de spectaculaire. Discrets et cachés dans la pâte de la vie quotidienne, ils passent aisément inaperçus. Le vrai Dieu, celui de Jésus-Christ, ne se manifeste pas par des attitudes fracassantes, mais par des gestes qui sauvent. Un coeur sans frontières, un respect de tout être, une bonté et un pardon généreusement offerts.

Des attitudes, en fin de compte, qui sont à notre portée. Car toi, qui accuses Dieu, que fais-tu dans ce monde pour aider ceux qui sont écrasés, pour libérer les enchaînés, pour donner du pain aux affamés ? Quand les yeux des aveugles s’ouvrent, quand les accablés se redressent, quand les étrangers sont accueillis, le Seigneur est à l’oeuvre.

Le véritable signe que le Règne de Dieu est commencé, c’est quand il y a de l’amour. nous ne devons pas en attendre un autre.

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