Deuxième dimanche de carême A - 1998/1999

Retour

Dimanche dernier, nous avions vu Jésus sous son aspect le plus humain. Il était tenté de faire des choix contraires à sa vie de Fils de Dieu. Il a préféré rester un homme ordi-naire qui éprouve la faim et subir la condition humaine sans aucun privilège. Il a choisi de mourir pour nous sauver.

La gloire de Dieu sur un visage d’homme

Beaucoup se disent « chrétiens non pratiquants ». Si on leur demande de préciser leur pensée, ils disent : « Mais je crois en Dieu ! » Le grand dommage, c’est que cette croyance-là n’a absolument rien de chrétien. Les juifs, les musulmans et la plupart des hommes croient en Dieu sans être chrétiens. Dans notre profession de foi, dans notre Credo, nous affirmons croire en Dieu (bien sûr !), en deux lignes seulement. Et puis nous développons notre croyance spécifiquement chrétienne en seize lignes : c’est la foi dans le Christ qui fait le chrétien, c’est Jésus, Dieu qui s’est fait homme, qui remplit notre Credo.

Oui, Jésus était un homme comme nous, avec de vraies mains qui saignaient, de vrais yeux qui pleuraient, un vrai corps qui se fatiguait. Il est un homme qui est mort, d’une vraie mort.

Quelques temps auparavant, ce Jésus, si humain, prit avec lui ses amis intimes, Pierre, Jacques et Jean, et, sur une haute montagne, il a laissé transparaître dans son corps la lumière de sa divinité. Les signes en étaient clairs : la montagne, la métamorphose lumineuse, la nuée ombrée, la voix qui vient du ciel... La vraie foi chrétienne n’est pas de penser que Dieu existe, mais d’oser affirmer que la gloire du Dieu unique d’Israël est sur le visage d’un homme en chair et en os, Jésus !

Appelés, nous aussi,
à la transfiguration

« Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit fait Dieu » a écrit saint Irénée. La transfiguration éclaire en effet la question la plus importante de nos coeurs d’hommes : la vie a-t-elle un sens ?

Beaucoup de choses humaines ont un sens en elles-mêmes : l’amitié, l’amour, la culture, le progrès, la justice et tant de valeurs reconnues de tous. Mais il y a aussi beaucoup de non-sens : cet enfant qui souffre et qui va mourir, ces massacres de populations, cet ouragan ou ces avalanches qui tuent tant de monde. On se pose cette question : qui va l’emporter du sens ou du non-sens ? Est-ce la mort, la destruction, le mal, qui sont au bout de tout ?

La réponse de notre foi est la réponse même de Jésus : l’être humain, si fragile qu’il soit, n’est pas pour finir dans un trou, en terre. L’homme est destiné à être transfiguré en Dieu. Notre baptême nous ajuste à la vie de Jésus ressuscité. Dans son évangile, saint Matthieu ose utiliser le même mot pour nous dire que « le visage de Jésus resplendit comme le soleil » (Mt 17, 2) et qu’ « alors les justes resplendiront comme le soleil » (Mt 13, 43). Telle est la densité éternelle que prend chacun de nos actes humains. Nos choix ne sont pas indifférents, ils pèsent d’un poids d’éternité.

Pour bien les vivre, prenons le temps de dresser « une tente sur une montagne ». Pendant ce carême, exposons-nous à la lumière de Jésus, « sur un sommet à l’écart ».

Retour