Vingt-deuxième dimanche dans l'anné A - 1998/1999

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Rappelez-vous. Dimanche passé, Simon le Rocher, est félicité pour sa profession de foi magistrale. Il est désigné par Jésus comme le roc sur lequel se fonde son Eglise et le gardien des clés du Royaume. Aujourd'hui, il se fait presque aussitôt traiter de tentateur, de caillou dans le soulier, de pierre qui fait trébucher sur la route.

« Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant !» Dix sur dix pour la qualité de la formule.   « Dieu t'en garde… cela ne t'arrivera pas !» Zéro pour le commentaire, avec blâme et mise en garde ! Mais si Jésus rabroue Pierre, il ne le repousse pas, comme il le fit avec Satan au désert. Il lui demande d'aller derrière lui, en vrai disciple.

La tête et le cœur ne suffisent pas pour être vraiment le disciple de Jésus. Il faut encore l'accepter tel qu'il est et non pas tel que nous voudrions qu'il soit. Il faut encore le suivre sur son chemin, et non pas le faire passer de force sur les nôtres. Oui, nous croyons, mais c'est souvent en notre conception personnelle du Messie que nous croyons. Il y a là une conversion à vivre, un avant et un après.

Dans un premier temps, nous sommes disposés à faire des œuvres pour Dieu, à nous donner beaucoup de mal pour lui, à travailler pour sa gloire… mais quand même aussi pour la nôtre. Nous sommes comme Pierre, qui tire Jésus par la manche en lui disant : « Cesse de déprimer, allons, tu es le messie annoncé, le Fils du Dieu vivant ! Tout le monde va t'accueillir et tu vas voler de succès en succès. » Nous voulons en quelque sorte dicter à Dieu sa conduite : cela a quelque chose de satanique…

Et puis vient le jour où nous changeons enfin le fusil d'épaule. Nous abandonnons nos beaux plans, pour épouser ce que Dieu veut vraiment. Nous ne faisons plus des œuvres pour Dieu, mais nous consentons à l'œuvre que Dieu veut faire à travers nous. Je me rappelle ce vieux saint homme, qui m'a un jour émerveillé en me disant : «Quand je m'éveille le matin, je me demande ce que le Seigneur va me demander aujourd'hui.» Quelle disponibilité !

Etre chrétien, ce n'est pas prendre la voie de la facilité. C'est aller à contre courant du monde qui parle de plaisir, de créativité, d'épanouissement et de jouissance : « Je veux vivre ma vie ». C'est, comme Jérémie, être en butte aux railleries et aux incompréhensions, c'est avoir le courage de se dire « pour Jésus » dans un milieu incroyant ou moqueur. C'est aimer fidèlement son conjoint. C'est garder le sens du partage quand nous incite à dépenser sans frein pour soi. C'est rester honnête en affaires quand les règles économiques  ou politiques sont fréquemment celles de la maffia et de la corruption. Pour aimer authentiquement, il faut y mettre le prix.
Lorsque nous participons à l'eucharistie, nous sommes comme Pierre ou Jérémie interpellés par la Parole de Dieu, afin que nos pensées, trop souvent conformes à celles du « monde présent », cèdent la place   « aux pensées de Dieu ». Gagner la joie et la résurrection nécessite de prendre courageusement sa croix.

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