Cinquième dimanche dans l'anné A - 1998/1999

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Lumière...

Dieu s’est révélé au peuple d’Israël pour en faire un peuple - lumière. Un rabbin juif a eu cette belle image : « comme l’huile apporte la lumière aux hommes, de même Israël est la lumière du monde ».

L’Eglise, à la suite du peuple élu, n’est pas elle-même la lumière. Elle n’est pas la source du feu. Comme l’huile, elle doit se laisser consumer par le brasier de la Parole de Dieu qui, lui seul, éclaire le monde.

Quand Jésus dit à la jeune communauté chrétienne : « Vous êtes la lumière du monde », il lui indique qu’elle sera le reflet lumineux du coeur même de Dieu dans la mesure de sa foi, de son espérance, de sa compassion. Nos actes, quand ils font triompher l’amour sur les forces de l’égoïsme et la lumière sur les ténèbres du mal, « disent » Dieu.

L’évangile d’aujourd’hui est donc une invitation à la transparence. Si nous vivons en chrétiens authentiques, c’est-à-dire en pratiquant ce que nous demande le prophète Isaïe - « Partage ton pain... ne te dérobe pas à ton semblable... » -, alors notre « lumière jaillira comme l’aurore ». « Et nous serons le sel de la terre ».

...et sel

Car le sel n’est pas fait pour rester dans la salière, pas plus que la lumière pour s'attarder dans l’ampoule. Les grains de sel fondent, disparaissent dans la pâte. Ils y deviennent invisibles, mais ils lui donne son goût. Il n’y a plus de cristaux de sel, mais le pain tout entier est meilleur. Ainsi les chrétiens sont-ils appelés à porter la saveur de l’évangile au coeur du monde.

Mais attention, il ne faut pas que le sel s’affadisse. Un chrétien qui a perdu son goût-de-Dieu, son seul arôme véritable, ne sert plus à rien. Il devient insipide, insensé, vague et inodore. Le chrétien « caméléon », qui adopte toutes les modes et les idéologies de son milieu, n’a plus aucune utilité. Celui qui pactise avec l’injustice sociale ou qui glisse dans la non-pratique religieuse, parce que « tout le monde le fait », celui-là devient ce « tiède que vomit la bouche de Dieu » (Apocalypse 3, 16).

Nous ne pouvons donner du goût au monde, nous ne pouvons l’habiller de couleurs, que si nous sommes reliés à Dieu; qu’à condition de vivre une relation unique, intime et prolongée avec lui, dans la prière. Nous reflétons sa gloire, comme Moïse dont le visage resplendissait après ses entretiens avec l’Eternel, dans la mesure où nous le laissons nous toucher, nous purifier et nous combler; que si nous entrons en grande communion avec la Trinité sainte.

On devient ce qu’on contemple... Si nous sommes habités par la présence du Très Saint, si nous laissons les Trois établir en nos coeurs leur demeure, les hommes seront invinciblement attirés par sa présence en nous. Nous ne serons plus flammes vacillantes au vent. Mais lumière pour tous et saveur nouvelle pour la vie de nos frères.

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