Sixième dimanche dans l'anné A - 1998/1999

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Rappelons-nous : il y a quinze jours, Jésus avait commencé un long discours dont les premiers mots étaient « heureux ». Dieu dit bonheur, comme il dit lumière, vie, oiseau, poisson, homme et femme... En Jésus, il commence une nouvelle création pour l’univers. Il y a huit jours, il nous a demandé d’être « sel de la terre » et « lumière du monde ».

Mais est-ce bien le même discours qui se poursuit aujourd’hui ? Le bonheur passerait-il par l’obéissance à la Loi ? La religion ne serait-elle qu’une morale ? Morale impossible, entend-on dire par ailleurs, que ce contrôle parfait des pensées et du coeur.

Pourtant, oui, c’est bien le même discours qui continue. Jésus n’est pas un surveillant rigide qui énumère les règles de bonne conduite. C’est plein de douceur qu’il dit calmement toutes ces exigences comme un grand appel. « Il savait ce qu’il y a dans le coeur de l’homme », dit de lui saint Jean. Oui, Jésus connaît nos pauvretés humaines, mais il sait aussi tout ce qui nous est possible. Il voit non seulement ce que nous sommes, mais aussi ce que nous pouvons devenir : des ressuscités avec lui.

C’est un chemin de résurrection qu’il nous offre. Un chemin qui concerne notre être tout entier. A la manière des conteurs de son temps, Jésus donne trois exemples. Ils concernent les mains, les yeux et la bouche; les gestes, le regard et la parole. Cela touche l’homme tout entier dans ses relations avec les autres : l’homme qui agit, qui désire et qui communique. Ainsi fait-il appel à la douceur des gestes, à la droiture du regard, à la sincérité des paroles. « Va d’abord te réconcilier... Si ton oeil droit entraîne ta chute, arrache-le... Que ton oui soit oui... »

Douceur et harmonie dans les relations humaines sont choses difficiles. Les tensions ne manquent pas, ni les rancoeurs. Pourtant, il nous reste possible de donner le meilleur de nous-mêmes, si nous vivons dans la prière et dans la réconciliation fraternelle.

Il nous est difficile de regarder les autres sans que nos yeux ne soient troublés par la convoitise ou la jalousie... Voilà pourquoi Jésus nous offre de voir le monde comme il le voit : par un regard qui grandit l’autre et ne l’asservit pas.

La parole vraie, le langage clair sont des conditions nécessaires pour vivre en commun dans la confiance. Cette sincérité n’est pourtant pas si fréquente. Mais Jésus offre à chacun un chemin de lumière et de vérité.

Avant d’être dans le geste qui fait mal, la haine, le mépris et l’instinct de domination  corrompent le coeur de l’homme. Mais Dieu se porte garant de la qualité de nos relations humaines. Il faut te réconcilier avec ton adversaire avant de prier.

Comment ne pas être saisi par l’autorité de la parole de Jésus ? Elle s’oppose au radotage des scribes, aux sermons des récitants de formules. C’est une parole créatrice : que la bonté soit, que l’amour soit beau, que le langage soit vrai. C’est une parole qui conduit l’homme au coeur  de lui-même. Oui, « si tu le veux, tu peux observer les commandements » (première lecture). Bon dimanche !

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