Septième dimanche de Pâques A - 1998/1999

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Qu’il nous est bon de saisir l’Eglise au premier instant de sa vie autonome ! Jésus est parti mais l’Esprit n’est pas encore venu. Luc nous transporte au premier étage d’une maison de Jérusalem. L’Eglise est là, en germe et en attente. Avant de parler et de se disperser, elle vérifie son unité et se recueille. Les onze apôtres sont là avec Pierre à leur tête. Mais ils ne sont pas seuls : il y a aussi des « frères » et quelques femmes. Dominant ces trois groupes (apôtres, frères et femmes), se tient « Marie, la mère de Jésus », penchée sur le berceau de l’Eglise, comme elle le fut sur celui de Jésus. Communauté en silence et en prière, elle attend dans la joie son Seigneur : telle est l’Eglise…

Cette prière persévérante est la seule à pouvoir donner la force de supporter avec calme la souffrance rencontrée « comme chrétien ». Les épreuves subies  « à cause du nom du Christ », c’est communier avec le Christ et nous n’avons pas à en avoir honte, nous rappelle saint Pierre.

Mais restons dans la chambre haute de Jérusalem. C’est là que Jésus a vécu, juste avant sa passion, une prière ample et brûlante. Cette prière que la jeune communauté du Cénacle, nous l’avons entendu, a repris et prolongé dans l’attente de la Pentecôte. Et qu’y fait Jésus ?

Il prie d’abord pour lui. Que demande-t-il ? « Père, glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie. » Oui, l’heure est venue pour Jésus, de demander sa propre gloire. L’heure de la gloire de Jésus, c’est… sa croix. La « gloire » de Dieu, sa « toute-puissance » n’ont rien à voir avec les honneurs et les fastes des grands de la terre quand ils font la roue comme les paons de nos parcs ! C’est la croix, sa gloire ! L’amour, sa vie qu’il veut donner à tous les hommes, voilà sa gloire !

Il prie ensuite pour les croyants, ses disciples et ceux qui croiront par leur prédication (= nous). Que demande-t-il pour eux ? « La vie éternelle qui est de te connaître toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. » La vie éternelle est d’abord un don de Dieu, une grâce, un cadeau gratuit. Mais pour combler de joie, le don doit être reçu librement. La vie éternelle est donc, tout à la fois, présent et accueil. Notre part à nous, êtres libres, c’est de reconnaître, croire et garder la merveilleuse largesse offerte à nos mains : « Voici mon Fils, mon aimé, écoutez-le ! » « Prenez, mangez ! »

Jésus est parti. C’est le mystère de l’Ascension. mais il a prié pour tous les hommes qui sont dans le monde et il leur a envoyé « les siens » pur qu’ils soient la pincée de sel qui donne goût à la vie, la poignée de levain qui soulève les pesanteurs du monde, les assoiffés de justice qui libèrent de toute injustice. Surtout, il veut qu’ils soient les passionnés d’une certaine unité : « Qu’ils soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient en nous aussi, afin que le monde croie que tu m’as envoyé. »

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