Noël A - 1998/1999

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Quand il est né, c’est la cohue dans les bureaux de recensement. Les gens pestent contre l’occupant romain, indifférent aux affaires interrompues, aux travaux aban-donnés, aux longs voyages non remboursés. Compter le monde... ils sont fous ces Romains ! Qui nous délivrera de ces humiliations et du poids insupportable de leurs impôts ? Qu’il vienne le Messie, qu’il nous arrache du désespoir.

Ils ne le savent pas, mais le voeu déjà est exaucé, « emmailloté et couché dans une mangeoire ».... La grande et bonne nou-velle est déjà proclamée à quelques bergers qui gardent leurs troupeaux. Un signe aussi fragile que celui d’un nouveau-né vient de leur être donné.

Aussi, à la grande joie que colportent les pâtres, « tout le monde s’étonnaient de ce qu’ils racontaient ». Il y a de quoi ! Ce n’est pas dans une étable que l’on s’attend à voir se manifester la puissance de Dieu. Et pourquoi donner la primeur de la nouvelle à des valets de ferme alors que ne manquent pas en Israël spécialistes ès Ecri-tures Saintes et maîtres en théologie. Quand on y pense bien, l’étonnement persiste toujours plus de 2.000 ans après...

Jean, l’ami qui a suivi Jésus jusqu’au bout, jusqu’à la croix et à la résurrection, com-mente l’évangile de la crèche proclamé dans la nuit. Le tout petit de Bethléem est Dieu qui se dit. La Parole faite chair. La Parole créatrice. Elle dit et cela est. Elle parle et dévoile son mystère, et révèle notre destinée.

En Jésus Christ, dans le bébé de Marie, Dieu vient dire tout ce qu’il est et tout ce que nous sommes. Il nous révèle à nous-mêmes comme le fait tout amour. Il est amour. Il n’est qu’amour. La Parole incarnée vient frapper discrètement à notre porte pour nous faire l’aveu de sa tendresse. Noël, c’est le murmure d’une confidence du ciel.

Les guirlandes lumineuses de nos rues, les petites flammes que nous allumons dans nos crèches disent à leur manière - ce que certains ne savent même plus ! - que Dieu est Amour. Il est venu dans le monde pour que brillent les lumières de l’amour au sein de nos ténèbres humaines. Reflet de la gloire du Père, « lumière née de la lumière », « vrai soleil dont le soleil est l’ombre », le Fils se fait homme en Jésus pour qu’ensemble, toi, toi et encore toi, ma soeur, mon frère, nous soyons divinisés, fils de Dieu, fils dans l’Unique Fils ! Quelle merveille ! Le roi céleste, devant qui se prosternent les anges, est devenu cet enfant couché sur la paille. Le Logos, le Dabar (hébreu), la Parole salvatrice, le Verbe créateur s’est fait chair et il a planté sa tente parmi nous. Jésus, c’est Dieu qui entre dans la chair d’un enfant comme dans une tente, c’est Dieu qui fixe sa demeure parmi les hommes pour partager leur pauvre vie et les amener vers les richesses de la vie divine.

Oui, il y a 20 siècles, le ciel a visité la terre. La gloire de Dieu est venue offrir la paix aux hommes qu’il aime. Et depuis, malgré les soubresauts douloureux de son histoire, la terre se teinte des couleurs du ciel et le ciel prend goût à la terre. Anges et hommes fraternisent. Comme Marie, laissons la paix de Noël déjà envahir nos coeurs. Et à la suite des bergers, devenons-en les artisans

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