Vigile pascale dans l'année A - 1998/1999

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« A l’heure où commençait le premier jour de la semaine, Marie Madeleine et l’autre Marie vinrent faire leur visite au tombeau de Jésus. » Les femmes sont là, les pre-mières, et elles veillent. Pour Jésus, comme pour chacun d’entre nous, c’est une femme, Marie, qui est là pour veiller à sa naissance. Et c’est d’autres Marie qui viennent à son tombeau pour ne pas le lais-ser seul dans la mort. N’est-ce pas une grâce propre à la femme que de savoir être là, dans l’amour et la fidélité, pour veiller d’une présence aimante, qui n’a nul besoin de mots.

Etre en éveil comme la maman quand son enfant est malade, comme la nature au printemps guette le soleil pour laisser ex-ploser la vie. Rester en éveil comme ceux et celles qui, jour après jour, font grandir l’espoir, l’amour et la paix dans un monde hostile et en guerre. Rester en éveil, comme nous, ce soir, pour célébrer le grand pas-sage de la mort à la vie.

La veillée pascale est vraiment le retour aux sources de notre foi. Les saumons remon-tent de la haute mer vers la rivière de leur naissance, et à partir de là ils vont produire de nouvelles vies. Ainsi, nous revenons aux sources de notre baptême et de notre foi pour devenir ou redevenir avec le Seigneur créateur de vie nouvelle.

Nous le faisons symboliquement en nous rappelant les origines de l’humanité, les origines du peuple de Dieu, les origines de la foi chrétienne. Faire mémoire de tout cela qui a fait naître et grandir notre foi, ce n’est pas de la nostalgie stérile. C’est nous rendre à nouveau dynamiques et porteurs d’espérance, non seulement pour nous, mais pour le monde où nous vivons.

« Le Christ alpha et oméga » : c’est écrit sur le cierge pascal. Le Christ, commencement et fin de toute chose : c’est immense comme affirmation ! Nous ramassons ainsi en un seul événement - la mort et la résurrection de Jésus de Nazareth - la signification de toute l’histoire de l’homme et de l’univers.

« A l’heure où commençait le premier jour de la semaine », écrit saint Matthieu, pour bien montrer que c’est une nouvelle page de l’humanité qui s’écrit. Un nouveau commencement, une nouvelle création...

La résurrection est un accouchement, une naissance. Et les fruits de haine et de mort, d’orgueil et d’injustice que l’actualité nous rappelle si tragiquement, sont les douleurs d’un enfantement. Osons le croire. La mort et le mal sont en train d’être chassés. L’ange de la résurrection s’assied sur la pierre roulée d’une tombe vide. Les forces de mort et de barbarie n’auront pas le der-nier mot.

Suivons l’exemple des femmes qui veillent. Mais emboîtons leur aussi le pas. « Vite, elles quittèrent le tombeau, tremblantes et toutes joyeuses, et elles coururent porter la nouvelle aux disciples ». Elles deviennent les apôtres des apôtres, comme le disent nos frères orthodoxes. Elles courent porter l’extraordinaire nouvelle : Christ est re-suscité ! A nous de courir rejoindre le Vivant, là où il nous donne rendez-vous : en Galilée, en plein coeur du monde et de ses soubresauts.

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