Baptême du Christ A - 2001-2002

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Dimanche dernier, avec l'épiphanie, nous contemplions la crèche avec les mages représentant toutes les nations. Aujourd'hui, nous découvrons un personnage vêtu de poils de chameau et se nourrissant de sauterelles : Jean, surnommé le baptiste, auprès de qui s'avancent des foules de Juifs pour renouveler  leur foi dans les eaux du Jourdain.
Et voici que survient Jésus. Son entrée en scène ne passe pas inaperçue ! Les cieux s'ouvrent; une voix retentit; l'Esprit de Dieu descend comme une colombe... Matthieu ne lésine pas sur les moyens ! Dans ce récit du baptême du Seigneur, qui clôt le temps de Noël, nous sont rappelées et l'identité de Jésus et la foi trinitaire qui est celle de notre propre baptême.

Les cieux s'ouvrent... : pour tous les Juifs de Palestine les cieux étaient fermés depuis la mort des derniers prophètes. Le monde de Dieu et le monde des hommes étaient séparés par une voûte infranchissable. Rappelez-vous le cri du prophète Isaïe, ce cri que la liturgie nous donne à entendre certaines années pendant le temps de l'Avent: « Ah, si tu déchirais les cieux! ». Eh oui, on attendait la révélation décisive de Dieu, le jour où Dieu lui-même daignerait renouer la communication, déchirer les cieux et descendre jusqu'à nous. Avec Jésus, c'est fait : Dieu en personne fait irruption dans notre monde.

La colombe est l’image traditionnelle de l'Esprit dont on nous dit que, dès le début de la création, « il planait sur les eaux ». Et puis, c'est une colombe qui, en rapportant dans son bec un rameau d'olivier, avait jadis annoncé à Noé, enfermé dans son arche, que le déluge était fini et que lui et sa famille étaient sauvés. L'Esprit qui saisit Jésus ressemble donc à une colombe, puisque Jésus a pour mission de sauver les hommes, puisque son nom même veut dire « Dieu sauve ». Avec Noé, Dieu avait redonné une autre chance à l'humanité. Avec Jésus, il s'engage en personne pour renouveler l'alliance !

Puis nous avons cette voix venue du ciel... Comment le Père ne serait-il pas manifesté dans cette scène inaugurale de la mission de Jésus, alors que tout le propos de l'évangile de Matthieu est de nous montrer que Jésus est en sa personne le véritable « Emmanuel », c'est à dire « Dieu-avec-nous » ? Cette voix du Père, elle accrédite Jésus : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé; en lui j'ai mis tout mon amour. »

Dans son récit parallèle, Luc nous précise que Jésus était alors en prière. La prière est le lieu où l'on prend conscience de l'amour que Dieu nous porte. Mais vous remarquerez que dans cette première prière de Jésus mentionnée par les évangélistes, on ne sait rien de ce que dit Jésus. Ce qui est important, ce n'est pas ce qu'il dit à Dieu, c'est ce qu'il entend ! Prier, contrairement à ce que l'on pense spontanément, ce n'est pas d'abord parler à Dieu, mais bien plutôt écouter ce que Dieu a à nous dire : « tu es mon Fils bien-aimé, en toi j'ai mis tout mon amour ! » Tout est dit, ou presque, de la Bonne Nouvelle dans cet admirable petit récit du baptême. Jésus nous révèle le Père et reçoit de lui l'Esprit qu'il communiquera à ses disciples.

Que ce baptême du Christ nous rappelle aujourd'hui notre propre baptême, par lequel nous avons été introduits dans l'intimité même de Dieu, dans l’amour trinitaire du Père, du Fils et de l'Esprit. Nous ne sommes pas seulement des créatures de poussière et de chair, nous sommes enfants de Dieu ! Il n'a pas à rougir d'être chrétien. Je reconnais que c'est difficile aujourd'hui, et que tant de fois, on se moque de nous. Voilà où on en est. Manifestons d’autant plus notre dignité, notre fierté d'être baptisé.

Plus qu'un rituel, le sacrement du baptême est un geste d'initiation à la vie relationnelle qui commence à l'intérieur de soi-même pour aller vers les autres, vers l'Autre. Nous pouvons nous accueillir alors, filles et fils du même Père. Oui, nos vies toutes simples et jusqu'à nos pauvres corps mortels peuvent devenir le lieu de la rencontre avec Dieu, le temple de l'Esprit-Saint ! Tout cela, parce qu'un jour nous avons été baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

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