Deuxième dimanche de l'Avent A - 2001-2002

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Bientôt Noël... Voici le temps de l'espérance! L’espérance chrétienne s’appuie d’abord sur les espoirs humains. Faisons-en rapidement le tour.

Pour beaucoup d'hommes et de femmes de par le monde, la souffrance physique fait peur plus encore que la mort. Les progrès des sciences médicales permettent à chacun d'imaginer et d'espérer un monde sans cancer, sans S.I.D.A. À ces souffrances liées aux diverses maladies qui abîment le corps, s'ajoutent toutes les souffrances morales, par exemple celles des enfants tiraillés entre des parents séparés, des enfants qui rêvent ou espèrent qu'un jour leurs parents pourront se réconcilier. Chacun rêve d'un monde avec moins de souffrances.

Un deuxième grand espoir, c'est celui d'un monde avec moins de guerres. De l’Afghanistan au Moyen-Orient, les foyers de guerre ne manquent pas de par le monde : attentats terroristes sans précédent, guerre bactériologique… de quoi susciter une réelle angoisse ! Et pourtant la volonté d’une paix fondée sur la justice semble grandir à travers des petits signes comme la création d’un tribunal Pénal International. Au moment où, avec l’adoption d’une monnaie commune, la construction européenne franchit un pas symbolique très fort, un espoir un peu fou s'empare des esprits : si seulement on pouvait gaspiller un peu moins d'argent à construire des engins de mort et un peu plus pour faire la paix ! Ce rêve-là, il ne date pas d'hier, puisque Isaïe voyait les épées refondues en socs de charrue et les lances en faucilles. Chacun espère un monde avec moins de guerres.

Un troisième grand espoir, c'est celui d'un monde plus libre. Les deux dernières décennies ont vu l’écroulement de nombre de dictatures et l’on peut continuer heureusement de sonner le glas des idéologies avec la fin du régime des Talibans... Chacun se prend donc à rêver d'un monde débarrassé de la censure, des arrestations arbitraires, de la torture. Jamais encore on ne s'était autant attaché à la défense des droits de l'homme.
Un quatrième et dernier espoir de notre monde, c'est celui d'un monde plus solidaire. À l'heure d'internet, l'interdépendance des pays entre eux paraît plus manifeste, et les hommes se rendent compte qu'ils sont liés par un destin commun. Toutes les questions touchant à l'écologie et l'environnement manifestent cette solidarité naissante à l'échelle de la planète qui est de bon augure pour la suite !

L'espérance chrétienne traverse ces espoirs. Comme tous les hommes ou presque, les chrétiens se mobilisent pour un monde avec moins de souffrance physique et morale, moins de guerres, davantage de liberté, davantage de solidarité. Eux aussi espèrent un monde meilleur... mais cela ne leur suffit pas. Ce qu'ils appellent de leurs vœux et de leurs prières, ce n'est pas un monde avec moins de souffrance, mais un monde sans plus de souffrance du tout! Ce n'est pas un monde avec plus de justice, mais un monde où seule régnera la justice, autrement dit, ce n'est pas un monde meilleur, mais c'est le Royaume de Dieu. Le premier peut se construire à coups d'efforts et de volonté, le second se reçoit comme un don de Dieu. Le monde, même amélioré, se heurtera toujours à ces deux réalités que sont la mort et le péché. Le Royaume que nous espérons n'accorde aucune place à la mort et au péché.

Notre espérance consistera alors à travailler dans la paix du cœur,  en n'étant troublé ni par l'euphorie de l'apparent succès, ni par l'abattement de l'apparent échec, puisque Dieu seul détient les clefs de l'histoire, et que lui seul est notre espérance ! L'espérance chrétienne a un côté mobilisateur et un côté pacifiant. Saint Ignace de Loyola a cette devise qui incarne assez bien ce double aspect de l'espérance chrétienne et qui peut faire de nous des hommes vraiment libres : avant d'agir ou de prendre une décision importante, mobiliser toutes nos énergies et faire comme si tout ne dépendait que de nous... Et quand la décision est prise et l'action engagée, alors nous en remettre à Dieu et faire comme si tout ne dépendait que de Lui !

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