Troisième dimanche ordinaire A - 2001-2002

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Jésus donne aujourd’hui l’impression d’être pressé. Il fuit la Judée à l'annonce de l'arrestation de Jean-Baptiste, il arrive en Galilée, ne fait que passer à Nazareth, vient à Capharnaüm, la ville frontière, ville de passage et de rencontres, ville de commerce ; d'une seule phrase, il annonce : « Convertissez-vous, le Royaume des cieux est tout proche ». Des hommes, quatre travailleurs, entendent son message et le suivent. Avec lui, on passe de ville en village, et partout, Jésus annonce la bonne nouvelle : « le Royaume des cieux est tout proche ». Et il en donne des signes : il guérit. Puis, sans transition, Matthieu nous emmène avec Jésus sur la montagne, où Jésus donne à ses premiers disciples la Loi du Royaume.

Comment se fait-il que ces travailleurs, André, Pierre, Jacques, Jean, aient subitement quitté travail, femme, famille, pour aller avec Jésus ? Ils vivaient dans cette Galilée, mélange de races, de religions ; ils étaient « le peuple qui marchait dans les ténèbres », dont parlait Isaïe. Quand on marche dans les ténèbres, on marche à tâtons, on ne sait pas où on va. Et voilà que pour ces hommes, subitement, se lève une lumière. Le Royaume de Dieu est proche. Dans la grisaille de leur journée, avec toutes ses contraintes, c'est l'illumination.

Le Royaume, remarquez-le, cela ne nous dit peut-être rien, à nous, aujourd'hui. Certes notre pays vit sous le régime d’une royauté constitutionnelle, mais c'est tout. Pour les Juifs, cela voulait dire quelque chose. Il y avait toujours la nostalgie du grand royaume : celui de David, mille ans plus tôt. Mais ensuite, tout s'était disloqué : d'abord à cause de rivalités internes, puis, à cause des grandes invasions qui au cours des siècles avaient déferlé sur ce petit pays. Et pour finir, la déportation à Babylone. Et plus récemment encore, l'occupation romaine. Malgré cela, restait le désir de reconstituer un royaume indépendant, capable de se faire respecter par tous les peuples de la terre. Bien sûr, les prophètes annonçaient un « règne de Dieu » qui serait spirituel, et en même temps universel. Ils parlaient d'un « serviteur de Dieu » qui viendrait instaurer ce Royaume.

Et puis, vient Jean-Baptiste. Il annonce que le « Royaume » est tout proche. André et Jean ont été ses disciples : il leur désigne Jésus comme l'agneau de Dieu. Si bien que lorsque Jésus arrive à Capharnaüm, pour annoncer que « le Royaume est tout proche », ils quittent tout pour le suivre.

Et Jésus donne immédiatement des signes pour bien montrer que le Royaume est là : des guérisons de malades et d'infirmes. Ces guérisons disent beaucoup. Elles disent que ce n'est plus le « prince de ce monde » qui mène le jeu, qu'un plus fort que lui vient d'arriver pour détruire les forces du mal, du mal physique et du mal moral, du mal individuel et du mal social. Dieu prend le pouvoir sur les forces hostiles à l'homme pour que tout homme soit restauré, dans sa dignité d'homme et dans sa relation aux autres.
Prenons une image. Vous savez qu'on peut, grâce au « tout-électrique », non seulement s'éclairer, mais également se chauffer, faire cuire ses repas, s'informer par la radio ou la télé, et bien d’autre choses encore.

Eh bien, dans la maison-Eglise, le Royaume de Dieu, c'est comme le « tout-électrique ». Il y a toutes les prises de courant possibles pour que vous puissiez vous brancher sur l'Esprit, sur la Vie de Jésus. Grâce à ces prises de courant, vous pouvez vous éclairer, et donc trouver un sens à votre vie, ne plus marcher dans les ténèbres ; vous pouvez vous chauffer au feu de l'Amour divin, dans ce monde qui crève de froid à cause de l'égoïsme et de l'esprit de vengeance ; vous pouvez vous nourrir, car « l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Et vous pouvez également lire les événements de ce monde à la lumière de cette parole de Dieu. Vous pouvez enfin repartir pour communiquer aux autres la Lumière, l'Energie, la Chaleur que nous procure l'Esprit. Voilà ce qu'est le Royaume de Dieu. Il suffit d'être « branchés ».

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