Quatrième dimanche de Pâques A - 2001-2002

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Mais qui est cet homme, Jésus ? Depuis le premier jour, tous ont cherché à donner une réponse à cette question. Et les réponses les plus diverses ont été données. Certaines très favorables, d'autres, au contraire déformantes ou haineuses, selon l'idéologie de celui qui les donne. Chaque année encore, des centaines de livres paraissent, concernant Jésus. Certains de ces livres ont une vocation scientifique et font une étude critique, et c'est normal. D'autres au contraire, reflètent la personnalité de ceux qui les écrivent, et chaque fois il y a quelque chose de partiel, et même de partial. On a dit aussi Jésus homosexuel ou marié à Marie-Madeleine, ou réincarné. Bref, un tas de choses plus ou moins farfelues.

Mais, est-ce qu'on peut le connaître vraiment ? Jésus nous dit aujourd'hui : « Mes brebis me connaissent, comme moi je les connais, personnellement. » Et il se met en opposition avec ceux qu'il appelle des voleurs et des égorgeurs. Ceux qui prétendent diriger les hommes et leur conscience. Et lui, il dit : Mais moi, vous me connaissez. Il n'est pas un étranger qui s'introduit par ruse. Que veut-il dire ?
Notre époque a connu des faux-bergers, de ceux dont le Christ dit qu'ils sont voleurs, rapaces, meurtriers. Des hommes politiques. Le XXe siècle aura connu un führer, un duce, un caudillo, un « petit père des peuples », un « conducator », in « lider maximo de la revolucion », pour n'en citer que quelques-uns, qui, au nom de leur idéologie, ont voulu mener des foules, des nations, des races, des classes sociales. Ils les ont toujours conduit à la mort, à des exterminations.

Mais il y a aussi tous ces hommes qui, au nom de leur idéologie religieuse, veulent séduire les foules. Dieu sait si, aujourd'hui, les sectes prolifèrent. Beaucoup d'hommes ont besoin de se sécuriser, de trouver une sécurité, même dans des affirmations simplistes, sans esprit critique. L'essentiel, c'est qu'on suive, qu'on marche aveuglément. Un exemple : il y a quelques années, cette secte de Waco, au Texas, où des centaines de personnes sont mortes après avoir suivi un homme qui se disait Jésus Christ réincarné. Voilà où on en est ! Jésus dit : « Faites attention. Ayez suffisamment d'esprit critique pour ne pas suivre n'importe qui. »

Et il donne les critères du bon berger qu'il est - que nous, responsables dans l'Eglise, nous devons être, et que nous ne sommes pas toujours, hélas ! C'est un chemin de liberté qu'il nous ouvre. Toutes les images qu'il emploie sont des images de liberté : la porte qui s'ouvre pour aller et venir, entrer et sortir. Jamais enfermés. La porte, et la route, sur laquelle il nous guide. La grande image, c'est sans cesse le retour à l'histoire de la Libération d'Egypte. Dieu va intervenir pour ouvrir la porte de la maison d'esclavage, pour faire passer la mer, et ensuite, conduire les Hébreux, avec toutes les possibilités qu'a chaque membre de ce peuple de garder sa liberté, au point de nier Dieu (le veau d'or).

Mais, me direz-vous, comment Jésus Christ, s'il veut être notre guide, ne va-t-il pas un peu opprimer nos consciences humaines ? Je crois que c'est une histoire d'amour. La connaissance d'une personne, vous le savez, est totalement différente de la connaissance scientifique, qui exige des preuves. On est attiré par quelqu'un et, pour reprendre un mot de Saint-Exupéry : « Aimer, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction. » Eh bien, c'est cela, l'amour de Jésus et des brebis. Jésus nous invite à regarder dans la même direction que lui. Et c'est ainsi que nous serons libres. C'est à nous, une fois que le sens nous est donné, d'inventer notre démarche. Chacun de nous, sans directives. Il nous dit simplement de regarder tous les hommes comme nos frères. Il nous dit de regarder Dieu comme notre Père. Là, nous sommes sûrs d'être sur un chemin de liberté. Il ne violera jamais notre conscience.

Voulez-vous, frères, que nous nous demandions sincèrement comment nous pourrons être témoins du Christ par notre liberté de pensée et par notre manière de vivre la fraternité. Il est venu « pour que nous ayons la vie, et la vie en abondance ».

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