Cinquième dimanche de Pâques A - 2001-2002

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Pierre, Thomas, Philippe... 3 apôtres que St Jean met en scène dans cette longue méditation du chapitre 14 de son évangile... 3 croyants qui, manifestement, ont bien du mal à comprendre les propos de Jésus... 3 hommes qui, je crois, nous ressemblent étonnamment !

Il y a Pierre tout d'abord. Il pose une question simple à Jésus : « Seigneur, où vas-tu? » Jésus lui dit que lui, Pierre, est pour l'instant incapable de le suivre. Alors l’apôtre démarre au quart de tour et, confiant dans ses propres forces, il dit à Jésus: « Pourquoi ne puis-je te suivre maintenant? Je donnerais ma vie pour toi ! » Pierre n'a pas encore compris que seul le Ressuscité peut nous donner la force nécessaire pour le suivre. Lui qui nous a précédés doit revenir nous chercher pour nous prendre avec lui, nous entraîner dans son sillage: « Quand je serai allé vous préparer une place, je reviendrai vous prendre avec moi. » Pierre n'avait pas encore fait l'expérience de sa propre infidélité ; il ne soupçonnait pas encore la difficulté du chemin. N'ayant pas encore pleuré sur son péché, il ne savait pas encore ce qu'était l'amour de Dieu. Seul un pécheur pardonné peut bien parler de Dieu. Seul un aveugle peut accepter de se laisser réellement guider par un autre. Personne ne trouve tout seul le chemin qui mène au Père. Personne ne peut, par ses propres forces, avancer sur ce chemin. Il nous faut l'Esprit du Ressuscité. La première conversion qui nous est offerte est nous apprendre que nous ne pouvons pas prétendre construire l'Église, si nous ne prions pas. Et pas davantage, si nous n'accueillons pas la puissance de vie du Ressuscité dans ses sacrements.

Après l'apôtre Pierre, c'est au tour de Thomas d'intervenir... un Thomas un peu agacé par tout ce mystère, au point qu'il ne peut s'empêcher de dire à Jésus : « Tout cela, c'est bien gentil, mais pour s'engager sur un chemin, encore faut-il savoir où l'on va ! Nous ne savons même pas où tu vas, comment veux-tu que nous en connaissions le chemin ? » ... Logique, le Thomas ! La réponse de Jésus déroute notre logique: « Je suis le chemin, la vérité, la vie » . Cela veut dire: Ne rêvez pas ! N'espérez pas prendre une autre voie que la mienne pour me rejoindre. D'ailleurs, celui qui suit mes traces me côtoie avant même de m'avoir rejoint ! Avec Thomas, une deuxième conversion nous est proposée : on ne découvre Dieu qui est Amour qu'en s'engageant soi-même dans l'amour du prochain.

Après Pierre et Thomas, il faut évoquer aussi Philippe. « Depuis le temps que tu nous parles de ton Père, dit-il à Jésus, le plus simple serait que tu nous le montres... Montre-nous le Père, et ça nous suffit ! On ne t'en demande pas davantage ! » J'aime à croire que Jésus avait assez d'humour et d'affection envers Philippe pour sourire d'une telle naïveté... Mais, c'est vrai que sa réponse – « qui m'a vu a vu le Père » - est et demeurera toujours pour nous le point central de notre foi. Pour connaître l'Inconnaissable, Celui que nul homme n'a jamais vu, Jésus livre à ses disciples du connu, c’est-à-dire cet ami qu'ils côtoient depuis quelque temps déjà, avec qui ils ont pêché sur le lac, avec qui ils ont mangé, avec qui ils ont marché sur les chemins de Palestine. Comme sur la route d'Emmaüs, Jésus invite ses disciples à changer de regard pour relire leur passé : « Depuis si longtemps que je suis avec toi, Philippe, et tu ne me connais pas? » Il se pourrait bien que le Seigneur adresse à chacun de nous la même question : « Tu dis ne pas me connaître?... mais regarde là où je t'ai conduit au fil des mois et des années! Regarde ce que j'ai fait de ta vie! Il y a si longtemps que je suis avec toi, et tu ne me connais pas! »

Nous allons maintenant entrer ensemble dans l'eucharistie du Seigneur. Avec Pierre, dépouillons-nous de toute suffisance: ce n'est pas nous qui sommes les maîtres d’œuvre de la construction de l'Église, c'est Dieu ! Et puis, avec Thomas et Philippe, vérifions que nous ne reléguons pas le Christ au bout de notre vie, Lui qui est non seulement la Vérité et la Vie, mais encore le Chemin qui y mène !

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