Troisième dimanche de l'Avent A - 2004-2005

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Lorsque le Baptiste envoie ses disciples demander à Jésus, - « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » -,  est-il aux prises avec un moment de doute ? Le texte de l’Évangile ne nous permet pas de donner une réponse certaine. En réalité cette réponse n’est pas importante, car au centre de ce récit ne se trouve pas Jean et sa question mais bien Jésus et sa réponse.

Nous avons ici l’une des plus belles pages de l’Évangile. La véritable question est celle-ci : « Lorsque Dieu entre dans l’histoire humaine, quels sont les signes authentiques de son action ? Si le Royaume de Dieu est arrivé, quelle en est la manifestation authentique ? »
Au temps de Jésus, tout comme aujourd’hui, de nombreuses manifestations religieuses pouvaient être considérées comme signes de la présence du règne de Dieu : le Temple, la Loi, les sacrifices, le culte officiel, les prières, le jeûne, les préceptes du sabbat, etc.
Ce qui est remarquable c’est que Jésus, dans sa réponse, ne mentionne aucun de ces signes traditionnels de la présence de Dieu, mais offre plutôt des faits qui n’ont apparemment aucune dimension religieuse.

Considérons tout d’abord avec attention ses premiers mots : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez. » Qu’est-ce qu’ils entendent et voient ? Que les personnes sont libérées des vieilles formes de servitude et que leur dignité humaine est restaurée. Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les morts ressuscitent et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres.

Jésus ne fait pas un long discours sur la libération. Il se contente d’énumérer des réalités humaines tangibles. Il traduit en faits concrets ce qu’il considère être l’expression la plus claire du royaume de Dieu, c’est-à-dire la dignité humaine à laquelle tout être a droit.
Où est donc le royaume ? Il faudrait être aveugle pour ne pas le voir. Lorsqu’une personne passe d’une condition moins humaine à une plus humaine, là se manifeste l’action de Dieu, là se trouve son royaume. Tout le reste est littérature. « Ce que vous entendez et voyez », dit Jésus. Si je veux savoir quel type de chrétien je suis, je dois tout d’abord me demander si mes actions aident les personnes qui m’entourent ou avec qui j’entre en contact, à se libérer graduellement et toujours plus de tout manque de liberté, soit intérieure soit extérieure – de toute forme d’oppression subtile ou même pas subtile du tout.

Comme chrétiens, c’est-à-dire en tant que disciples du Christ, nous sommes appelés à proclamer la bonne nouvelle. Il n’y a pas de nouvelle qui soit vraie, cependant, sans faits réels. Une nouvelle qui ne correspond pas à un fait est un mensonge. Nous avons la responsabilité de rendre le Royaume de Dieu présent dans le monde d’aujourd’hui, là où nous sommes. Si nous proclamons sa présence en paroles sans le réaliser par nos actes, nous sommes des menteurs. C’est ce que Jésus veut dire lorsqu’il ajoute : « Bienheureux celui qui ne sera pas scandalisé à mon sujet. »

Enfin, la dernière phrase de Jésus : « Le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui (Jean le Baptiste) » a été interprétée par lui-même au cours de la dernière Cène, peu avant sa mort, lorsqu’il invita ses disciples à ne pas rechercher les honneurs, les privilèges, le prestige ou le pouvoir. Seuls les petits, les humbles rendent présent le Royaume et y entrent.
Un seul être humain a été plus petit que Jean dans le Royaume des cieux et, pour cette raison, plus grand que lui. C’est celle qui pouvait chanter : « Mon exalte le Seigneur... parce qu’il a regardé la petitesse de sa servante. »

L’exemple de Marie nous rappelle que si nous voulons apporter la liberté dans le monde, nous devons l’introduire tout d’abord dans notre propre existence en renonçant à nos désirs de gloire, d’honneur, de prestige ou de pouvoir. Dans les jours qui nous restent avant Noël, demandons à Marie et à Jean-Baptiste de nous en obtenir la grâce.

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