Quatrième dimanche de l'Avent A - 2004-2005

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Le roi d’Israël était perdu : il voyait ses ennemis menacer son royaume et se demandait comment protéger son pays. Le peuple de Dieu était perdu : il attendait le Messie, et comme dans le conte, il s’épuisait à demander : « … ne vois-tu rien venir ». Paul était perdu : jamais il n’a renié le judaïsme comme ses ennemis l’en accusent, mais il constate douloureusement que le Fils de Dieu, né de la race de David, est rejeté par beaucoup de ses compatriotes. Joseph était perdu : Marie, sa fiancée, enceinte, il ne pense qu’à la répudier discrètement.

Sentons-nous le poids de souffrance qui se cache derrière la sobriété des Ecritures ? Achaz voit avec terreur s’avancer vers sa capitale les troupes ennemies  comme « deux tisons enflammés ». Le peuple de Juda, comme les civils piégés dans toutes les guerres, imaginent les violences qu’il devra affronter. Paul est déchiré entre l’amour pour son peuple et la Bonne Nouvelle qu’il n’annonce avec fruit qu’aux païens. Quant à Joseph, le juste, chagriné sans doute et certainement désireux de s’effacer devant pour que Dieu puisse naître , il décide de renoncer à épouser Marie.

Ces histoires ressemblent tellement aux nôtres. Ne nous arrive-t-il pas de nous trouver dans de telles situations, que nous n’aurions jamais choisies, et que nous ne pouvons dépasser qu’en Dieu ? Couples stériles, couples où s’installe le « désamour », grands adolescents qui donnent du souci, enfants adultes qui abandonnent la foi que nous avons tant cherché à leur transmettre, perte  si douloureuse de son emploi, maladies inattendues qu’il faut bien affronter… Dans tous ces cas, nous sommes tentés de nous passer de Dieu. Pourtant, la solution dernière de ces difficultés, comme pour Joseph, ne se trouve qu’en Dieu.

Car Dieu demande à Joseph de revenir sur sa décision, comme il avait donné par Isaïe au roi Achaz, bien peu fervent pourtant, le signe de l’enfant attendu par la jeune reine, enfant qui portera un nom messianique « Emmanuel – Dieu avec nous ».
Dieu est avec nous. Dieu offre sa présence. Il est l’Emmanuel. A Joseph, il a demandé de changer de cap : il prendra Marie chez lui et il donnera un nom à l’enfant. Par « don », il devient l’époux de Marie et le vrai père de Jésus, celui qui lui servira de modèle pour parler de son « Père des cieux. » Ainsi Joseph n’est-il pas condamné à ne pas aimer, mais à aimer mieux et davantage. Il est conduit à l’admiration et au recueillement quand il accepte de reconnaître l’œuvre de Dieu  en l’autre et la demeure qu’il y a établi. Marie est vraiment la véritable Arche de l’alliance où Dieu réside. Joseph, par décision divine consentie dans la foi, reçoit une paternité sans relations charnelles. Il n’est plus perdu et seul. Imaginons-le plutôt comme un être paisiblement heureux et épanoui.
Non, depuis l’Incarnation aucun homme n’est vraiment perdu. La solitude absolue n’existe plus. Dieu est toujours présent.

Mais encore faut-il qu’il trouve des collaborateurs – nous – qui acceptent de laisser transparaître cette présence. Et pour cela, osons donner du temps à la prière qui seule peut nous accorder à la volonté de Dieu. En même temps, tendons la main, donnons un sourire à tous ceux qui se sentent perdus. Alors Noël adviendra pour tous et chacun pourra découvrir « Dieu-avec-nous ».

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