Deuxième dimanche de carême A - 2004-2005

Retour

En ce deuxième dimanche de carême qui nous présente des lectures si riches, je voudrais les faire résonner l’une après l’autre, comme la musique d’un petit ensemble où les instruments dialoguent et se répondent. Ou encore comme une tapisserie chatoyante où les couleurs s’harmonisent par leur contraste… Le père d’Abraham était né à Ur, en Chaldée (Genèse11,31) et s’était établi à Harân, beaucoup plus au nord. Être né à Ur voulait dire avoir connu la culture la plus développée du monde de cette époque. C’était les Etats Unis de l’époque.

Or, tout ce développement, et les conflits qu’il engendra, provoqua un important mouvement de migration vers le nord au 17ème siècle avant le Christ. Le père d’Abraham et sa famille furent emportés par ce mouvement migratoire. Harân, où ils s’établirent – à environ 1.500 kilomètres au nord d’Ur  aux confins de la civilisation sumérienne. Aller plus loin signifiait changer de culture.

Et voici qu’Abraham reçoit de Dieu l’appel à quitter cette stabilité et cette sécurité, et à entreprendre un voyage dans l’inconnu, sans autre assurance que la parole de Dieu. Il accepte cette parole de Dieu et c’est pourquoi il fut appelé le père de tous les croyants:  « Il partit – dit le livre de la Genèse – sans savoir où il allait. » On apprend à marcher en marchant... On apprend à aimer en répondant à l’amour dont on est aimé... On apprend à prier en priant... Dieu ne nous demande pas d’arriver, mais de partir ! La foi, c’est une aventure dans laquelle chacun est invité à s’engager sans trop savoir à l’avance où cela pourra le mener…

À celui qui accepte de marcher humblement avec lui, Dieu se révèle, mais en ne dévoilant de lui que ce qui nous est nécessaire pour le pas suivant. Nous ne connaissons de son mystère que ce qui nous permettra d’aller plus loin. Dieu ne se révèle que pour que nous Le cherchions davantage. D’ailleurs, n’était-ce pas son nom dès buisson ardent ? « Je suis qui je serai... » Je me dévoilerai à toi au fur et à mesure de ton histoire et de ta fidélité.
Alors nous mettons nos pas dans ceux du Fils de Dieu, venu en notre humanité. « Le Christ Jésus, s'est manifesté en détruisant la mort, et en faisant resplendir la vie et l'immortalité par l'annonce de l'Évangile », dit la 2ème lecture. Il s’installe d’abord à Nazareth. Mais un jour, lors de son baptême dans le Jourdain, il entend l’appel messianique, qui l’envoie sur les routes de Judée et de Galilée.

Après les premiers miracles, particulièrement après la multiplication des pains, les foules veulent le couronner roi. Autre tentation qu’il fuit. Les foules le désertent peu à peu. À un certain moment il comprend que les autorités du peuple réussiront à le faire mourir. Alors il consacre la plus grande partie de son temps à former ses disciples plutôt qu’à enseigner aux foules.

L’épisode dont nous lisons le récit dans l’Évangile d’aujourd’hui, se situe à ce moment crucial de sa vie. Il vient à peine d’annoncer sa mort à ses disciples. Il emmène trois d’entre eux sur la montagne pour une nuit de prière. Et là, alors que tout espoir humain était éliminé, se révèle sa véritable identité. Il est transfiguré. Toute son humanité n’est plus que consentement  à la volonté du Père sur lui.

La transfiguration nous révèle aussi à nous-mêmes. Nous sommes appelés nous aussi à être identifiés dans tout notre être avec la volonté de Dieu sur nous.

Jésus est le Grand Priant. Prier c'est se mettre en présence de Dieu. Et quand on entre vraiment dans la prière, Dieu est là et sa réponse immédiate, c'est de laisser sur le visage du priant le rayonnement de sa présence. Comme Moïse dont resplendissait le visage, comme Jésus transfiguré de lumière, comme nos frères si beaux dans la prière… Un rayonnement fait de transparence  et qui laisse entrevoir l'invisible. Ne perdons plus notre temps à autre chose qu’à aimer et qu’à prier.

Retour