Baptême du Seigneur A - 2007-2008

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Pour entrer dans la lumière de cette fête qui met un terme au temps de Noël, écoutons la dernière parole de Jésus, tout à la fin de l'évangile de saint Matthieu. Après sa résurrection, Jésus dit à ses apôtres : « Allez, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. » (Matthieu 28, 19) La vie publique de Jésus se déroule entre ces deux baptêmes : celui qu'il reçoit de Jean et celui qu'il confie à ses apôtres pour que tous les hommes reçoivent sa vie. La fête du baptême du Christ que nous célébrons aujourd'hui annonce notre propre baptême.

Jésus vient donc vers Jean pour recevoir le baptême. Beaucoup de gens venaient trouver Jean Baptiste pour être plongés dans l'eau en signe du pardon de leurs péchés. Ce peuple qui venait au Jourdain, nous préfigure. Nous aussi, nous aspirons à être délivrés de ce mal qui nous empêche de nous aimer les uns les autres.. Jésus, vrai Dieu et vrai homme, assume tout de nous : lui, le seul parfaitement innocent, il prend sur lui notre longue quête de dignité. Il est bien le serviteur du Seigneur de la prophétie d'Isaïe que fait entendre la première lecture : « Mon serviteur que je soutiens… il ne criera pas, ne haussera pas le ton…. Il n'écrasera pas le roseau froissé, il n'éteindra pas la mèche qui faiblit… »

C’est pourquoi, son premier geste public est de se laisser plonger dans les eaux du Jourdain. « Laisse-moi faire, dit-il au Baptiste, c'est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement ce qui est juste. » Il faut que s'accomplisse l'humanité qui ne peut se nier elle-même, nier sa faiblesse, nier son besoin du salut, sans quoi Dieu ne pourra pas y faire sa demeure, la faire grandir, la transformer, l'habiter de sa vie. Le salut de Dieu ne se fait pas au mépris de l'humain. Il l'accomplit. Il épouse ses méandres, assume son péché. Ainsi, Jésus montre-t-il ce que c'est qu'être un homme. Pas de mépris de l'humanité ni de refus de la condition humaine : tout l'homme est touché par le salut de Dieu, lorsque Jésus plonge humblement dans le Jourdain. Jésus porte l'humanité à son accomplissement : entrer pleinement dans la vie divine.

Pourtant ce qui se passe est infiniment plus vaste et plus beau ! Jésus fait bien davantage que nous purifier. Il nous conduit à une nouvelle naissance. « Les cieux s'ouvrent », « L'Esprit descend », « une voix dit : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j'ai mis tout mon amour". » Le mystère de Jésus est là qui resplendit en cet amour du Père pour lui. Jésus se reçoit Fils dans l'amour et, dans l'amour, il offre tout ce qu'il est au Père. Cet amour du Père pour son Fils et du Fils pour son Père dans la communion de l'Esprit Saint, cet amour nous est révélé, à nous, pour que nous y entrions. Qui que nous soyons, quelle que soit notre pauvreté, nous sommes invités à demeurer en cet amour de Dieu.

Quel mystère ! Nous pressentons cet amour, mais nous ne découvrons que faiblement son immensité : nous serons toujours au seuil de l'océan d'amour de Dieu. L'éternité ne suffira jamais pour tout connaître de ce mystère d'amour de la Sainte Trinité. Sans fin aussi sera notre éblouissement devant l'amour que Dieu nous porte ! Le baptême nous ouvre la vie éternelle.

Voilà l'extraordinaire nouveauté du baptême chrétien. Jean baptisait pour la purification. Jésus, lui, en nous donnant le pardon, nous ouvre à la réalité même de Dieu. Par lui, avec lui, en lui nous sommes aimés de son Père. Après sa résurrection, Jésus envoie ses apôtres baptiser au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit pour que tous les hommes entrent dans cette nouvelle naissance à Dieu.

Le jour de notre baptême, il nous est demandé de dire d'abord « non » au péché, au mal, à ce qui conduit à la mort pour pouvoir dire ensuite « oui » à Dieu, à sa vie, à son amour. Dans la consolation ou dans la désolation, nous sommes fils et filles dans le Fils unique, et recevons chaque jour force et courage pour entrer de plus en plus profondément dans le mystère du Dieu de vie !

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