3e dimanche dans l'année année A - 2010-2011

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Les débuts de la vie publique de Jésus ressemblent beaucoup, à première vue, ceux de Jean-Baptiste. Leur prédication est littéralement la même : « Convertissez-vous ! Le Royaume des cieux est tout proche ! » Il y a pourtant de grandes différences.

D’abord Jean-Baptiste s’était installé en Judée, c’est-à-dire au cœur du pays juif. Il s’adressait aux membres du peuple d’Israël qui étaient disposés à devenir des gens bien.
Ensuite, Jean-Baptiste s’était installé dans un désert, au bord du Jourdain. Il fallait que les gens viennent à lui. Et il avait constitué, semble-t-il, une communauté de disciples qui vivaient dans l’attente du grand jour imminent, peut-être à la manière de la célèbre communauté de Qumrân redécouverte en 1947.

Avec Jésus, c’est tout autre chose. Avec lui, du tout à fait neuf apparaît. D’abord Jésus s’installe tout au nord du pays, à l’extrême frontière de la terre d’Israël et des nations païennes. La Galilée, le vieux pays de Zabulon et de Nephtali, est une terre de brassage entre croyants et païens, terre de mal-croyants, de mal-pensants, comme on disait à Jérusalem.

Ensuite, Jésus circule, bouge, « il parcourt toute la Galilée », insiste saint Matthieu. Il ne reste même pas dans les synagogues : il se mêle aux gens, il les interpelle, il en invite certains à se mettre à sa suite, à circuler avec lui, à faire avec lui une communauté itinérante. Il se laisse aborder, il se laisse bousculer, il se laisse toucher par tout le monde, à commencer par les malades et les infirmes, comme le souligne Matthieu. Ce rabbin pas comme les autres n’a pas peur de la maladie, du péché, de l’impureté. En outre, il ne contente pas de parler. Il est un guérisseur. Il soigne, il rétablit, il sauve.

Jésus sera condamné à mort parce qu’il n’observait pas les lois de pureté qui séparaient le peuple juif des peuples païens, les justes des pécheurs, les bien-portants, les hommes des femmes et des enfants. Il fait voler en éclat ces notions de pureté rituelles. En perpétuel déplacement, Jésus n’a pas su rester à sa place. Avec lui, Dieu risquait de perdre sa place. Ce comportement a choqué. Mais il a de quoi nous inspirer, nous qui nous réclamons de lui.

En effet, nous avons peut-être la nostalgie de l’époque, pas si ancienne, où les frontières de l’Eglise se confondaient avec celles de la société ; une époque où tout le monde était chrétien ou supposé tel. Aujourd’hui, nous sommes dans un monde « pluriel », où il n’y a plus que des minorités qui doivent apprendre à cohabiter ensemble. Faut-t-il attiser la nostalgie ? Resserrer les coudes, durcir les consignes, se replier comme dans une forteresse assiégée, rechercher la fausse sécurité des intégrismes ? Ou au contraire accepter de se laisser déstabiliser, oser surmonter ses peurs ? Aller à la rencontre de l’autre ?

Il n’existe jamais de réponses simples à des questions nouvelles. Mais il est certain que les solutions ne sont pas à chercher ailleurs que dans l’évangile et dans le comportement de celui qui a dit : « Je suis le chemin, la vérité, la vie ». Si la vérité n’est pas un dépôt, un livre saint ou un rituel figé, mais une personne, si cette personne se présente comme un chemin, si la vie nous invite à nous déplacer, bienheureux sommes-nous ! N’ayons pas crainte de nous mettre en route. Osons l’aventure. Car Jésus nous accompagne « tous les jours de notre vie ». Car, il est lui-même la route.

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