9e dimanche dans l'année année A - 2010-2011

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Le sable et le roc. Voilà les deux images qui résument toute la liturgie de la Parole de ce dimanche. Bâtir sa maison sur le sable ou la bâtir sur le roc.

Bâtir sur le sable, c’est de l’inconscience; la maison ne pourra jamais tenir. Nous le savons. Et pourtant combien de futilités nous tiennent à cœur, jusqu’à envahir nos pensées et nos sentiments ! Combien de choses superficielles deviennent la priorité d’un instant, puis de tous les instants pour s’imposer et devenir comme l’essentiel de la vie ! Le sable ce sont les paroles insignifiantes, les soucis mondains, l’éparpillement des tâches, les engagements sans cesse repoussés, la conversion toujours reportée…  Alors les jours succèdent aux jours, les années se suivent et la vie se vide de toute consistance. Faite de sable, notre maison devient si  fragile que les intempéries vont l’affaiblir jusqu’à la détruire totalement.

Tout autre est « le chemin de bénédiction » (1ère lecture). Cela ne signifie pas être épargné par les difficultés. Ce chemin de vie lui  aussi affronte pluie, torrents et vents de tempête. Mais cette maison solidement ancrée sur le roc qu’est Dieu ne pourra pas être abattue.

Sable ou roc : comment poser ses fondations sur le rocher ?

D’abord en écoutant  la parole de Jésus, comme Luia écouté son Père, ou comme Moïse qui ne cessait de dire : « Ecoute, Israël… ». Mais pour entendre, il faut du silence ; il faut laisser un grand silence s’installer en nous ; dans les bruits de la dispersion rien ne se perçoit.

Le silence, c’est aussi prendre distance avec les fausses urgences ; c’est réfléchir librement à ce qui nous arrive. Et c’est en ce lieu secret du silence qui s’appelle le cœur, que Jésus nous invite à apprendre la volonté de Dieu. La volonté de Dieu ne nous parviendra pas comme un courriel tombant du ciel. Elle ne se dit pas indépendamment de nous. Au contraire, Dieu veut ce que nous voulons quand nous sommes libérés de ce qui nous asservit et nous parasite. Quand l’écoute est fidèle, elle inspire des actes qui viennent de Dieu. C’est cela, bâtir sur le roc.

Dans le sermon sur la montagne, que nous avons médité tout au long de ces dimanches entre Noël et carême, Jésus nous dit ce qui est premier dans la vie, dans le rapport à soi, aux autres, à Dieu. Il parle de miséricorde, de vérité, de fidélité, de pardon, de respect, de confiance, d’amour des autres et  de Dieu. Qu’allons-nous en faire? Les écouter avec attention ou les ignorer ? Les mettre en pratique avec joie et inventivité, ou les laisser s’évanouir en de vagues souvenirs ? Mais si ce sont des paroles de vie, ouvrons leur tout grands nos cœurs et nos intelligences pour qu’elles transforment notre quotidien. Sans doute y aura-t-il encore bien du sable, c’est-à-dire beaucoup de faiblesses, de manque de cohérence entre nos pensées et nos actes, entre nos paroles et nos gestes. Notre maison tiendra pourtant bon parce que, selon les mots du psaume d’aujourd’hui, c’est le Seigneur lui-même qui est notre rocher : « Aimez le Seigneur, vous ses fidèles : le Seigneur veille sur les siens, soyez forts, prenez courage, vous tous qui espérez le Seigneur » (Psaume 30).

Oui, croyons et vivons ce que nous croyons ; et s’il nous est bien difficile de parvenir à cette unité, faisons monter vers le Seigneur notre supplication, tout simplement. Disons-lui déjà que nous voulons marcher sur la voie de sa volonté, nous appuyer sur le roc de sa Présence. Oui, qu’il vienne lui-même réconcilier en nous ce que nous avons tant de peine à harmoniser. Il attend notre foi, non pas nos excuses. « L'homme devient juste par la foi » (2e lecture). Dieu sait nos impuissances,  mais il suscite le renouvellement de notre cœur.

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