Pentecôte A - 2010-2011
Saint Jean de la Croix, le grand mystique espagnol du 16e siècle, a écrit cette très belle phrase : « Elle est donc souverainement désirable, cette brise de l’Esprit Saint, et chaque âme doit demander qu’elle souffle au travers de son jardin, afin que les divins parfums de Dieu s’en exhalent. » (Cantique Spirituel B, Strophe 17, § 9.)
En ce jour de Pentecôte, demandons à recevoir cette brise de l’Esprit Saint, pour pouvoir vivre de l’Esprit ou, mieux encore, pour pouvoir vivre dans l’Esprit. Aujourd’hui, l’Esprit Saint est Celui qui nous donne la vie. Il nous entraîne dans la ronde de la vie divine. Il est cette spirale d’amour entre le Père et le Fils, entre le Fils et le Père.
L’Esprit Saint est un Esprit d’Amour : Si le souffle évoque l’Esprit, son nom véritable est : agapè, Amour véritable, source de toute tendresse. Il est Celui qui vient restaurer en nous notre capacité d’aimer. S’il y a de l’amour vrai, dans nos cœurs, dans nos vies, c’est parce que le Saint-Esprit nous a été donné. L’esprit Saint c’est Dieu qui veut demeurer dans nos cœurs, partager notre existence, devenir un avec nous. Il veut nous faire participer à sa propre nature divine, à sa Sagesse qui s’est incarnée, à sa joie et à son amour. Un saint orthodoxe, Séraphim de Sarov, a pu dire au 19e s : « Le but de la vie chrétienne, c’est l’acquisition du Saint-Esprit ».
Mais dans les trois lectures que nous venons d’entendre, remarquons aussi que l’Esprit est donné à une communauté : Il est répandu sur un groupe de croyants : les apôtres, les disciples, l’Eglise… L’Esprit les tourne aussitôt vers les autres, vers le monde, vers l’avenir. « Les dons de la grâce sont variés, mais c’est toujours le même Esprit […] Les activités [dans l’Eglise] sont variées, mais c’est toujours le même Dieu qui agit en tous. Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous » (2e lecture). L’Esprit nous est donné non pas d’abord pour notre confort personnel, mais pour le bien-être des autres : Il est un don qui passe par nous, à travers nous d’abord pour l’extérieur, même si évidemment il nous fait du bien à nous aussi. Cela transparaît clairement dans le livre des Actes et dans l’Evangile : les apôtres sont réunis, ils ont peur, ils sont repliés sur eux-mêmes, les portes verrouillées à double tour. Et comme toujours, c’est le Christ qui prend l’initiative : « La paix soit avec vous… Recevez l’Esprit Saint… Je vous envoie.. »
Saint Basile de Césarée fait remarquer à propos de l’Esprit : « on ne peut pas le saisir, mais on peut comprendre sa bonté. » On le peut grâce aux œuvres qu’il nous encourage à réaliser : donner à manger à ceux qui ont faim, donner à boire à ceux qui ont soif, écouter les affligés, visiter les malades, supporter patiemment les défauts des autres... Ce ne sont pas des là actions spectaculaires, mais au contraire des gestes simples de la simplicité même de l’Esprit.
Invoquons-le, appelons-le de tout notre être. Et comme le dit à nouveau magnifiquement le grand Saint Basile au 4e siècle : « Comme les objets nets et transparents, lorsqu'un rayon les frappe, deviennent eux-mêmes resplendissants et tirent d'eux-mêmes une autre lumière ; de même les âmes qui portent l'Esprit, illuminées par l'Esprit, deviennent elles-mêmes spirituelles et renvoient la grâce sur les autres.
De là viennent la prévision de l'avenir, l'intelligence des mystères, la compréhension des choses cachées, la distribution des dons spirituels, la citoyenneté céleste, la danse avec les anges, la joie sans fin, la demeure en Dieu, la ressemblance avec Dieu. et le comble de ce que l'on peut désirer : devenir Dieu. » (Traité sur le Saint Esprit).