18e dimanche dans l'année A

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Jésus aimait rencontrer les gens, chez eux, à la maison, et manger avec eux. Le récit de la multiplication des pains, on le retrouve six fois dans les quatre évangiles. Souvenez-vous aussi du festin des noces de Cana : « Le troisième jour il y eut des noces à Cana de Galilée. La mère de Jésus y était. Jésus aussi fut invité à ces noces, ainsi que ses disciples. Or il n’y avait plus de vin. » Rappelez-vous de ce  Matthieu publicain mal-aimé, que Jésus vient d’appeler : « Alors qu'il était à table dans la maison, voici que beaucoup de publicains et de pécheurs prennent place avec lui et ses disciples » (Matthieu 9). Et Zachée, perché sur un arbre pour voir Jésus : « Jésus leva les yeux et lui dit : Zachée, descends vite, car il me faut aujourd’hui demeurer chez toi… et Zachée le reçut avec joie » (Luc 19). Jésus aimait aussi se retrouver avec Lazare, Marthe et Marie, à Béthanie. N’oublions pas le repas chez Simon le Pharisien, où la pécheresse pardonnée, baigne ses pieds de ses larmes et lui oint la tête d’un nard précieux (Luc 7).  Puis, il y a le dernier repas de Pâques, le jeudi-saint, la veille de sa mort. «L’heure venue, il se mit à table avec ses apôtres et leur dit : ‘ J’ai désiré d’un grand désir ardeur manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ‘ » (Luc 22). En toutes ces scènes, se manifeste la frémissante humanité de Jésus. Il avait besoin de moments de calme, car le plus souvent il affronte l’hostilité de la foule, des chefs, et même de sa propre famille. L’on sait jusqu’où le conduira cette haine. Mais les doux, les humbles de cœur, les pécheurs qui se repentent. Eux, ils étaient heureux, dans la paix lorsque, sans le savoir, ils recevaient Dieu lui même mangeant et buvant avec eux…

 Charles de Foucauld redécouvrit Dieu lentement, surtout au cours de l’année qu’il passa à explorer le Maroc où la prière des musulmans l’impressionna. L’amitié de sa cousine Marie de Bondy et surtout la rencontre avec un saint, l’abbé Huvelin, firent le reste. Il se convertit en 1886. « Aussitôt que je crus qu’il y avait un Dieu, écrira-t-il plus tard à un ami, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour Lui ». Et que fera-t-il pour ne vivre que pour Dieu ? Il imitera le Christ dans sa vie cachée de Nazareth. Le Père de Foucauld écrit en 1905, lors d’un séjour précisément à Béthanie :

« Mon Seigneur et mon Dieu, mon Bien-aimé Jésus, vous êtes dans la paix, le calme, l’amour, il semblerait que tout vous aime au ciel et sur la terre, tant vous êtes entouré de tendresse, d’admiration passionnée, d’attentions délicates … Que cela est doux, que cela est doux de vous sentir dans cette douce retraite, dans de doux recueillement, dans ce doux asile de Béthanie ! Vous allez bientôt nous mettre à table ; pas avant huit heures et demie pourtant, car le samedi soir, on prend tard le dernier repas : il faut le temps d’allumer le feu et de préparer ! » (Nouveaux écrits spirituels, p. 142-3)

Cela n’est pas seulement du passé : si nous comprenions, ne fût-ce qu’un tout petit peu, que ce qui nous est donné de vivre en ce moment dans l’eucharistie, c’est la même intimité avec le Seigneur. La messe est plus que le lieu où chacun vient pour soi recueillir des consolations personnelles, plus que l’occasion d’entendre la belle musique de Mozart chantée par les choristes… Elle est le repas avec le Seigneur, même si nous nous sentons indignes ou rongés de doute, si nous nous tenons tout au bout de la table, comme des pauvres… Jésus est là  qui a soif et faim de notre amitié. Ne dites pas que vous êtes trop âgés ou trop ignorant, que vous êtes bien loin d'une foi lucide. C'est justement à vous que Jésus répète : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » vos cinq pains et vos deux poissons, ou même rien que quelques miettes … Lui, il fera le reste.

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