21e dimanche dans l'année A

Retour

Shebna, le maître du palais du roi Ézéchias, est destitué au bénéfice d'Élyaqim. C’est une disgrâce comme il s'en rencontre à toutes les cours de tous les époques. Ce qui doit retenir notre attention, ce sont les paroles d’investiture adressées au nouveau haut fonctionnaire : « Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David : s'il ouvre, personne ne fermera ; s'il ferme, personne n'ouvrira. » Jésus, à Césarée de Philippe, reprend la même image pour confier à Pierre le pouvoir des clés : « Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » 

Plus qu’un porteur de clés, qu’un concierge de paradis, Pierre est d’abord un homme clé. IL est lui-même une clé. Il a d’ailleurs vu des portes s'ouvrir toutes seules devant lui, sans qu'il eût à sortir un trousseau: l'ange et lui, « franchirent un premier poste de garde, puis un second, et parvinrent à la porte de fer qui donne sur la ville. D'elle-même, elle s'ouvrit devant eux » (Actes 12, 10). Pierre doit attendre, un peu plus loin dans ce récit, qu'on lui ouvre la porte : « Il frappa à la porte d'entrée, et une jeune servante nommée Rhodè s'avança pour répondre. Ayant bien reconnu la voix de Pierre, elle en fut si joyeuse qu'au lieu d'ouvrir la porte, elle rentra en courant et annonça que Pierre était là devant la porte.»  (Actes 12, 13-14.)

Rien ne sert d'avoir des clefs, si l'on n'est pas capable d'ouvrir, si l'on n'a pas, soi-même, une certaine capacité d'ouverture. Pierre est celui qui ouvre. L’Eglise doit être celle qui ouvre. Celle qui éveille les esprits à l'intelligence du mystère de Dieu, les cœurs à l’accueil de la tendresse de Dieu, celle qui dégage les portes de l’espérance et du pardon. Celle qui, de ses mains fragiles, livre passage à l’illimité de l’Amour trinitaire. Passons nous-mêmes en Dieu et nous deviendrons des passeurs.

« Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » En confessant le Christ, Pierre invite le monde entier à entrer dans sa foi. Mais il lui faudra passer par l’épreuve de sa fragilité, pour perdre l’illusion de propre solidité. : « Moi, je ne succomberai jamais ! » (Matthieu 26, 33). Il devra, au-delà des larmes de son reniement, redire humblement son amour : « Seigneur, tu sais tout : tu sais bien que je t'aime » (Jean 21, 17.) Alors, et alors seulement, il saura affermir ses frères et leur ouvrir « la profondeur dans la richesse, la sagesse et la science de Dieu » (2e lecture).

L’abbé Pierre disait : «Lorsque nous arriverons à la fin de notre vie, on ne nous demandera pas si nous avons été croyants, mais si nous avons été crédibles»

*

« Toi, Seigneur, qui as ouvert les yeux des aveugles et les oreilles des sourds, donne-nous aujourd’hui la seule clé qui nous manque : celle qui ne verrouille pas, mais libère. Et nous ouvrirons à tous les hommes les portes du Royaume. »

Retour