24e dimanche dans l'année A

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Vis-à-vis de la violence dont nous sommes victimes, trois réponses sont possibles :

1. La vengeance. Quand nous subissons l’injustice, c’est notre première réaction. Elle est ce « péché, accroupi à la porte, à l’affût » (Genèse 3, 7) contre lequel Dieu met en garde Caïn jaloux de son frère Abel. Cette bête sauvage est en nous. Le premier réflexe de celui qui est agressé, est de rendre au centuple. Un peu comme Lamech, dont le chant barbare explose de violence primitive : « Ada et Silla, entendez ma voix, épouses de Lamech, écoutez ma parole : Pour une blessure, j'ai tué un homme ; pour une meurtrissure, un enfant. Caïn sera vengé sept fois, et Lamech, soixante-dix fois sept fois ! »  (Genèse 4,23.24). Se venger le plus possible ! Songeons aux attaques du 11 septembre 2001, à New York ; aux millions de victimes juives de la shoah ; aux « nettoyages ethniques » de aux 800.000 personnes massacrées en 100 jours au Rwanda… Cette sombre sauvagerie venue de la nuit des temps,  refait régulièrement surface à travers les siècles. Et ce qui donne froid au dos, c’est qu’elle n’est pas simplement le fait de sadiques ou de psychopathes, mais de gens normaux, comme vous et moi.

2. La loi du talion. Constatant l’aspect dévastateur des vengeances barbares mentionnées plus haut, le roi Hammurabi, au 18 s. ACN, impose la loi du talion, reprise par Moïse : « œil pour œil, dent pour dent ». C’est un moyen d’endiguer le nombre de morts. On ne peut rendre le malque dans l’exacte proportion de celui dont on a souffert. C’est un progrès énorme.

3. Le pardon. « Combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu'à sept fois ? », demande Pierre. Jésus répond à Pierre en renversant la démesure violente de Lamech : « Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à soixante-dix fois sept fois. » Soixante-dix fois sept fois, c’est-à-dire toujours. Il n’y a pas de limite à notre pardon.
Certes la justice humaine ne peut pas être contournée, car elle a le devoir légitime de faire respecter un ordre dans la société et de veiller à une juste réparation du tort commis. Cela n’enlève pourtant rien à la nécessité du pardon. Lui seul peut défaire les cercles vicieux des représailles sans fin.
Pour Jésus, le pardon et la réconciliation sont plus importants que le culte et les offrandes : «Lorsque tu présentes ton offrande à l’autel, si tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse-là ton offrande, va d’abord te réconcilier avec ton frère, puis reviens présenter ton offrande.» (Matthieu 5, 23s)
Le pardon est la porte qui permet d’entrer dans l’univers d’amour et de miséricorde de Dieu. « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ». (Matthieu 5, 48) «  Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux... Pardonnez, et vous serez pardonnés.  Donnez, et vous recevrez : une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans votre tablier ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous. »  (Luc 6, 36-38)
Jésus nous rappelle donc aujourd’hui la caractéristique la plus importante du chrétien : « pardonner non pas sept fois mais soixante-dix fois sept fois. »

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