32e dimanche dans l'année A

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Il y a une manière de comprendre cette parabole des vierges sages et des vierges folles à la manière d’une fable de Jean de Lafontaine. Elle serait là pour annoncer que ceux qui n'ont pas pris le temps de travailler à leur salut en ce monde, verront Dieu leur fermer la porte au nez quand ils arriveront au paradis.

Mais ce n’est pas possible de penser cela. Car ce serait aller à l’opposé de deux caractéristiques fondamentales de l’évangile : la miséricorde sans limite de Jésus et son invitation insistante à vivre le partage fraternel. Que sont donc ces jeunes filles sages qui refusent de partager leur huile ? Et le pardon de Dieu serait refusé à ces vierges imprévoyantes qui, après une course éperdue chez les marchands, trouvent la porte close !

Il faut donc chercher ailleurs la clé de la parabole. Elle ne vise pas à nous donner une morale quelconque, Elle nous initie, de manière voilée, au mystère de Dieu et donc au mystère de l’homme.

Elles sont dix jeunes-filles qui attendent l’époux, tard dans la nuit. Un époux, dix vierges… mais où est l’épouse ? Qui est la mariée ? Ces jeunes filles sont simplement là, à attendre. Certaines n'ont pas la provision d'huile suffisante pour que leur lampe reste allumée, On les appelle folles. D’autres sont qualifiées de sages parce qu’elles ont de l’huile en réserve. Elles sont sages… L’huile qu’elles ont emportée est celle de la sagesse. Elles ont fait provision de sagesse.

Cette sagesse, nous disait la première lecture, c'est l'amour gratuit de Dieu pour les hommes. « Elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent. Elle devance leurs désirs en se montrant à eux la première. Celui qui la cherche dès l'aurore ne se fatiguera pas : il la trouvera assise à sa porte. » Isaïe disait : « Comme un jeune homme épouse une jeune fille, celui qui t'a construite t'épousera. Comme la jeune mariée est la joie de son mari, ainsi tu seras la joie de ton Dieu. »(62,5). Nous sommes tous destinés à devenir épouse de Dieu, à être la chambre nuptiale où Dieu puisse demeurer.

Les jeunes-filles qui ont leur provision d'huile, ce sont celles qui ont su accueillir cette révélation de l'amour gratuit de Dieu. Elles sont riches de l’huile de l’Esprit Saint, de cet l’amour qui a été répandu dans leur cœur. Elles attendent l'Époux. Elles savent que dans la nuit de ce monde, se révèle, en elles-mêmes, l’Epouse. Elles savent qu'elles ne sont pas invitées comme des étrangères au spectacle de noces d’une autre, mais qu'il s'agit de leurs propres épousailles. Elles sont sages parce qu'elles se savent aimées, épousées par leur Créateur. Elles sont sages parce qu'elles savent qu'elles sont pas destinées à être des femmes faciles ou des vieilles filles, mais bien à devenir l'Épouse de du Roi. Et qu’un jour ou un soir, à l’aube ou au crépuscule, elles seront emportées « sur les nuées du ciel, à la rencontre du Seigneur. » (2e lecture)   

Les vierges sages, c'est l'Église, cette partie de l'humanité qui est déjà en fête. Et qui sait que la fête va être longue, dans la nuit de la foi, et qui a recueilli autant qu’elle a pu l’huile de l’amour de Dieu. Mais les vierges folles c’est aussi l'Église, cette partie de nous-mêmes qui croit savoir où est l'Époux, mais qui ne sait pas que c'est elle-même que Dieu veut épouser, et qui pense qu'on aura toujours le temps plus tard pour commencer à aimer. C’est fou. C’est fou parce qu'on passe à côté du sens le plus profond de la création qui est d’être l'antichambre du festin des Noces de Dieu avec les hommes. Si nous avons compris cela, alors nous sommes déjà emplis de la Sagesse « au visage souriant. »

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