Premier dimanche de l'Avent A - 2010-2011

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En cette fin d’automne, où les brumes chargées de neige à venir, enveloppent les arbres dénudés, la sève s’est retirée des branches. Les grues et les oies migrent par milliers vers le sud. Le chant des moineaux et des mésanges se fait plus discret comme pour ne pas troubler le silence de la nuit qui s’allonge. L’hiver vient. La nature s’intériorise et se recueille.

La liturgie a aussi ses cycles, en phase avec les saisons. Tout nous porte à entrer nous aussi en « retraite », à nous retirer de l’éparpillement dans nos activités haletantes, pour nous tourner vers l’intérieur, et nous mettre à l’écoute du silence.

La première lecture peut nous y aider : « Venez, famille de Jacob, marchons à la lumière du Seigneur ». Quelle est cette lumière du Seigneur qui nous guide ? Le prophète Isaïe y voit l’immense cortège des peuples et des nations rassemblé à la fin des temps à la montagne où Dieu sera tout en tous. Les armes ne se lèveront plus pour tuer, détruire, saccager mais serviront à donner à chacun le pain dont il a besoin. « De leurs épées ils forgeront des socs de charrue, et de leurs lances, des faucilles. On ne lèvera plus l'épée nation contre nation, on ne s'entraînera plus pour la guerre ». La violence, l’égoïsme, la jalousie meurtrière cèderont la place au souci des autres.

Cette prophétie ne peut pas rester un vœu stérile. La paix doit d’urgence se réaliser. Saint Paul nous encourage à rejeter les activités des ténèbres pour mener le bon combat de la lumière. « Conduisons-nous honnêtement, comme on le fait en plein jour… revêtez le Seigneur Jésus Christ » (2e lecture). Nous avons à revêtir le Seigneur Jésus Christ, c’est-à-dire à conformer notre comportement au sien, à épouser sa manière de voir les personnes et les événements, à lutter avec ses armes de douceur, de patience et de miséricorde.

Tel est bien le cœur de la conversion à laquelle nous sommes invités en ce temps de l’Avent : nous laisser conduire jour après jour par les textes magnifiques de la liturgie, afin de retrouver l’attitude de vigilance intérieure qui convient au disciple qui attend le retour de son Maître. Comme Noé, il nous faut « entrer dans l’arche » de notre « église intérieure », c’est-à-dire de notre cœur - pour nous y tenir prêts à « l’avènement du Fils de l’Homme » (évangile).

Veiller intérieurement pour demeurer en présence du Seigneur, afin de le reconnaître quand il viendra, mais aussi afin de le découvrir dans le visage de ceux qui nous entourent et qui sont confiés à notre attention. Nous avons à veiller sur eux comme le Seigneur veille sur nous. Plus exactement : le Seigneur veut se servir de notre vigilance pour les entourer la sienne.

Il reviendra à la fin des temps et nul ne connaît le jour de son retour mais notre veille peut anticiper sa venue. Le Seigneur nous visite chaque fois que nous le lui demandons avec confiance. En nous engageant à veiller, il nous institue sentinelles de l’invisible. Soyons ces guetteurs prompts à discerner dans la prière les signes de sa présence pour la révéler par transparence à nos frères les hommes. “ À cause de mes frères et de mes proches, je dirai : « Paix sur toi ! » ” (psaume 121).

Bonne nouvelle année liturgique donc, pleine d’espérance dans le Christ, notre Paix ! « Allons dans la joie à la rencontre du Seigneur ».

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