Quatrième dimanche de l'Avent A - 2010-2011

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Bientôt, c’est Noël. En ce dernier dimanche de l’Avent, notre regard se porte tout particulièrement vers Joseph. Pour mettre en lumière son attitude, la liturgie la met en contraste avec le récit de la rencontre entre le prophète Isaïe et le roi Acaz.

Tout comme Joseph, le roi est perdu dans ses soucis. Nous sommes en 730 avant notre ère ; la Samarie et la Syrie, ses voisins,  se sont coalisées contre Juda et s’apprêtent à faire le siège de Jérusalem. « Le roi et son peuple furent secoués comme les arbres de la forêt sont secoués par le vent » (Isaïe 7, 2).
Cette agitation tranche avec le calme de saint Joseph. La suite va nous faire découvrir la raison de ce contraste : Acaz cherche des solutions toutes humaines à son problème. Sans consulter le prophète Isaïe dont il pressent le désaccord, il envisage de faire appel à l’Assyrie pour sortir de ce mauvais pas. Mais cela reviendrait à vouloir chasser un coup de vent en appelant un ouragan : le remède est pire que le mal ! Pour sauver son Royaume terrestre, il risque de compromettre la religion de ses Pères, qui menace d’être contaminée par le paganisme de la toute-puissante culture assyrienne.
Joseph, lui, ne cherche pas à défendre ses intérêts ; il ne met en place aucune stratégie humaine, ni pour « récupérer » sa fiancée, ni pour défendre sa réputation, ni pour venger son honneur bafoué. Il se tourne vers Dieu et écoute la voix de l’Esprit dans le secret de sa conscience. « Joseph, son époux, était un homme juste », c’est-à-dire ajusté à Dieu par son obéissance à la Loi, « ajusté » à Marie par un amour qui ne la soupçonne pas, et « ajusté » à lui-même par une droiture sans hypocrisie ni compromission.
C’est ce décentrement de soi qui lui permet, à la différence du roi Acaz, de garder la paix intérieure. « Il décide de la répudier en secret », il ne veut pas usurper une place que Dieu seul pouvait accorde. Joseph  renonce à Marie et s’efface  discrètement devant  lemystère de cet enfant qui vient de Dieu.

Telle est « l’obéissance de la foi » à laquelle nous exhorte Saint Paul dans la seconde lecture de ce jour. L’Apôtre nous invite à oser livrer notre vie à celui qui le premier s’est livré pour nous, afin de trouver dans ce mystérieux échange, « la grâce et la paix » de Dieu. Car si « Jésus-Christ notre Seigneur est né de la race de David selon la chair, s’il a été établi dans sa puissance Fils de Dieu par sa résurrection d’entre les morts », c’est afin de nous donner part à sa vie divine dans « l’Esprit qui sanctifie ».

Cette histoire, en son essentiel, est parfois la nôtre. Nous nous trouvons dans des situations de contraintes que nous n’aurions certes pas choisies mais que nous sommes invités à dépasser, pour trouver une solution en Dieu. Couples stériles, enfants inattendus, enfants malades, grands adolescents qui donnent du souci, enfants adultes qui suivent un chemin qui nous est douloureux... dans toutes ces situations, nous sommes tentés de nous passer de Dieu. Or, la solution dernière de nos problèmes humains, comme pour Joseph, ne se trouve qu’en Dieu !

Avec Joseph, maître intérieur, nous sommes invités « à prendre chez nous Marie » et à accueillir Jésus avec elle et lui. Ce qui est unique dans l’histoire de Joseph et Marie, c’est la conception virginale de l’enfant que suppose très clairement l’évangéliste : « elle fut enceinte par l’action de l’Eprit Saint ». C’est la signature de Dieu sur une œuvre qui nous dépasse infiniment. Donner au monde un enfant qui soit à la fois Fils de Dieu et fils de l’homme, Fils du Père et fils de Marie. Par l’adoption de Joseph, Jésus est introduit dans une famille humaine. Dans l’Esprit,  il est bien plus qu’un homme habité par Dieu. Il est Dieu en personne. L’Homme-Dieu. En lui, nous sommes en cours de divinisation.

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