3ème dimanche de l'Avent A - 2013-2014

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Ce dimanche, liturgiquement habillé de rose, est celui de la joie qui fleurit dans le désert. Ce n’est pas n’importe quelle joie, mais celle qui garde au fond de l’être la paix alors même que  la tempête se déchaîne tout autour.

C’est la joie d’Isaïe. « Le désert et la terre de la soif, qu'ils se réjouissent ! Le pays aride, qu'il exulte et fleurisse, qu'il se couvre de fleurs des champs, qu'il exulte et crie de joie ! » N’oublions pas que le prophète s’adressait à un peuple humilié, déporté à Babylone. C’est au cœur de sa souffrance qu’il lui parle de la joie qui vient. « Voici votre Dieu : c'est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. » Mais attention ! La vengeance de Dieu dont parle Isaïe n’est pas une sanction contre son peuple, mais bien au contraire une intervention divine contre les puissances du mal qui oppriment les hommes.

C’est la joie de Jean Baptiste. Comme il y a huit jours, nous restons en sa compagnie, mais non plus avec ces foules accourues pour recevoir le baptême de conversion. Jean est maintenant  seul, prisonnier d'un petit despote de province dont il a eu le cran de dénoncer la corruption et les dérèglements. C’est pour lui l’heure de l’incertitude : la mort le menace, et surtout l’ascète rude qu’il est, est dérouté par les débuts de ce Jésus qui s’invite à la table des pécheurs.

Pour Jean Baptiste, comme pour nous, il y a ici une leçon à recevoir. La foi n’est pas l’évidence. La foi c’est le choix d’espérer alors même qu’on est éprouvé et bousculé par les surprises de la vie. La foi, quand les circonstances bousculent nos plans et nos impatiences, c’est oser la confiance en Dieu qui est toujours là, à nos côtés. La foi, c’est lui présenter, en vérité, nos questions lancinantes. Jean Baptiste a eu ce bon réflexe en se tournant  tout de suite vers Jésus. « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? », lui fait-il demander par ses disciples.

Et Jésus apporte pour preuve qu'il est bien le Messie attendu, non par des considérations spirituelles ou des enseignements moraux, mais par des actes concrets de libération.  Il répond par des faits que ses interlocuteurs de l'époque ont pu constater et que nous trouvons rapportés dans les évangiles.

Ces faits – les boiteux courent, les muets guérissent, les prisonniers sont libérés – Isaïe les avait prédits : usait alors de verbes au futur (l’inaccompli hébreu). Jésus, lui, les reprend textuellement, mais en mettant au présent les promesses du prophète : « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés... » Ce sont ces gestes de Jésus qui sont autant de signes qu'il est bien le Messie promis par les prophètes et annoncé par Jean.
Devenons et restons confiants et patients comme le cultivateur qui attend que monte la récolte : «  Ayez de la patience vous aussi, et soyez fermes, car la venue du Seigneur est proche » (Jacques 5, 8). Soyons comme un veilleur qui sait que le jour pointe déjà. Que les signes du monde nouveau se laissent dès à présent détecter dans nos vies. Osons la solidarité concrète, la rencontre réelle avec les démunis, les pauvres, les petits.

En ce temps de l'avent, revisitons nos déserts : misère, injustice, racisme, découragement… Reprenons courage, et semons, sarclons, arrosons. Alors Dieu fera refleurir nos steppes par Sa joie mystérieuse : l’espérance de  la venue certaine du « Seigneur qui sauve », Jésus.

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