Deuxième dimanche de l'Avent B - 1999-2000
Depuis le XIVeme siècle, l'Eglise catholique célèbre tous les 25 ans une année sainte, centrée sur le pèlerinage à Rome. Jean Paul II a repris cette tradition, mais en profitant du passage d'un millénaire à un autre pour considérablement l'enrichir.
Il n'y a pas la moindre trace de préoccupation mythique dans le projet du pape : ni « terreurs de l'an 2000 », ni avènement d'un « âge d'or ». Le jubilé est d'abord pour lui une fête, non plus seulement célébrée à Rome, mais aussi à Jérusalem et dans chacun des diocèses du monde. Il enracine ensuite solidement le Jubilé sur ses bases bibliques : l'Ancien Testament connaissait des années sabbatiques à forte dimension sociale. Enfin, ce sera l'occasion d'un appel pressant à une authentique conversion personnelle et communautaire, tant pour avancer dans l'unité entre chrétiens que pour garder la mémoire des martyrs de notre temps que sont les victimes du nazisme, du communisme ainsi que des luttes raciales et tribales.
Le mot « Jubilé » évoque avant tout la joie. Il veut être en premier lieu une grande prière de louange et d'action de grâce en cette deux millième année depuis la naissance du Christ. L'année 2000 sera pour l'Eglise une grande fête universelle, et qui se marquera tout spécialement par des liturgies plus soignées et plus rigoureuses. Nous aurons ainsi la chance de vivre en secteur paroissial de Stavelot et de Francorchamps le baptême de 8 enfants et adolescents lors de la Vigile pascale 2000.
Ce sera aussi une année de grâce et de liberté. Dans l'Ancien Testament, les années sabbatiques et jubilaires proposaient tous les 7 ans ou tous les 50 ans de libérer les esclaves, de remettre les dettes et de protéger les faibles, tout cela en l'honneur de Dieu. A Dieu seul, en tant que créateur, appartient la seigneurie sur toute la création. C'est pourquoi les richesses de la terre doivent être considérées comme le bien commun de l'humanité entière. Le pape énumère la longue liste des esclavages d'aujourd'hui : les victimes de la pauvreté absolue, les prisonniers politiques, les exilés, les victimes de l'analphabétisme, de la prostitution et de la drogue. Ces esclavages frappent partout sur la terre comme à nos portes. Le contraste entre ceux qui gaspillent sans retenue ce dont d'autres ont un besoin désespéré est un affront à la dignité de la personne humaine, écrit-il. L'an 2000 est donc l'occasion, pour lui, de nous appeler à la conversion du cœur en changeant notre vie et en créant une culture de solidarité et de coopération internationales dans une économie au service des personnes. Le Jubilé doit être « un temps privilégié pour rechercher la justice qui conduit à la paix. » Il y a quelques semaines, deux adolescents sont morts gelés, dans le train d'atterrissage d'un avion de la Sabena. «Messieurs les membres et représentants d'Europe, nous avons l'honorable plaisir et la grande confiance de vous écrire cette lettre pour vous parler de l'objectif de notre voyage et la souffrance de nous, les enfants et jeunes d'Afrique... Nous vous supplions pour l'amour et l'amitié de notre créateur…» Ainsi commençait le message qu'ils portaient sur eux. Que cette année jubilaire élargisse notre cœur et renforce nos solidarités concrètes.