Deuxième dimanche de l'Avent B - 2002-2003
Le premier mot de l’évangile selon saint Marc est le même que le premier mot de toute la Bible : « Commencement du ciel et de la terre » d’un côté, « Commencement de la Bonne Nouvelle… », de l’autre. Marc nous suggère ainsi qu’en Jésus Dieu prend un nouveau départ, lance une nouvelle création. A nous qui sommes parfois tentés de nous arrêter et de nous décourager, ce temps de l’Avent qui commence nous offre chaque année une chance de repartir, une occasion de ranimer en nous la flamme de l’espérance.
« Bonne Nouvelle » : le mot, souvent transcrit du grec par « évangile », n’est pas un livre. La « Bonne nouvelle », c’est la résurrection, c’est Pâques. Notre foi nous ouvre à une heureuse, extraordinaire et joyeuse « nouvelle » : le Seigneur vient, il nous ouvre dès maintenant les portes de la vie, nous sommes en train d’être divinisés ! Nous sommes faits pour vivre toujours, en Christ, fils et filles bien-aimés du Père.
Mais, et c’est la grâce de Jean le Baptiseur de nous le rappeler, nous ne pouvons pas nous contenter d’attendre passivement que Dieu vienne. Il nous faut « préparer la route au Seigneur »… Chaque année, il nous invite à la conversion du cœur. Et nous en connaissons les moyens : reprendre la méditation de la Bible, retrouver le chemin d’une prière plus profonde et plus longue, partager avec les plus démunis et recevoir avant Noël le sacrement de réconciliation.
La venue du Seigneur se prépare d’abord en nous. Cherchons à enlever de nos vies tout ce qui n’est pas de Dieu. Apprenons à ne plus juger ou condamner notre frère, même si ses actions sont mauvaises. En le rejetant, nous rejetterions aussi Dieu qui est en lui. Déchirons les voiles de mensonge qui assombrissent nos jours. Abattons les idoles qui en nous prennent la place de Dieu. Allons au bout de notre pauvreté, de notre souffrance, de notre blessure pour rencontrer « Celui qui vient faire toutes choses nouvelles », Celui dont « la gloire se révèlera », Celui qui nous façonne « un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice ».
Et, plus que par ses paroles, Jean le Baptiste peut nous aider par tout ce qu’il est. Il attirait les foules et même les princes, il aurait aisément peut jouer au Messie. Il avait tout pour briller, pour incarner le personnage dont rêvaient ses contemporains. Il s’est obstiné à préférer le courage, l’ombre, la nuit, la mort dans l’oubli de soi et les oubliettes d’Hérode. Il a su vivre en profondeur sa mission, sans se rechercher. Il n’a été qu’une voix qui crie pour tracer le chemin à un Autre. A mesure qu’il renoncera aux joies humaines pour être sans partage et sans compromis à sa mission, il verra étonné monter en lui la Joie, celle de « l’Ami de l’Epoux ». « Ma joie est parfaite », dira-t-il peu avant sa mort. Quel énorme saint ! « Parmi les enfants des femmes, il n’en est pas de plus grand », dira Jésus. La liturgie catholique le reconnaît en lui réservant l’honneur d’âtre fêté et par sa naissance et par sa mort, comme Jésus et comme Marie. Nos frères orthodoxes le disent en icône : celle de Jean Baptiste est placée à la gauche de Jésus, faisant le pendant à celle de la Mède de Dieu, disposée à la droite du Seigneur.
Devenons aussi, en ce temps d’Avent, des précurseurs. Parents, grand-parents, catéchistes, voisins, recevons par Jean la grâce d’accueillir, de donner goût, d’indiquer un chemin, de proposer la joie de l’expérience intime du Christ, de désigner l’Autre sans retenir à nous. « Il faut que Lui grandisse, et que moi je diminue ».