Deuxième dimanche dans l'année B - 2003

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Le désir d'un certain nombre de nos contemporains est de «rencontrer Dieu.» Essayons de répondre à l'interrogation de l'humanité en décrivant les deux rencontres décrites dans les textes bibliques que nous venons de lire.

La  première, entendue dans la première lecture est la manière abrupte de Dieu qui se manifeste à un enfant, Samuel, qui n'a rien demandé : il dort. L'enfant, réveillé par l'appel, va deux fois trouver Héli, le vieux prêtre qui est couché dans la chambre voisine, et Héli le renvoie en lui disant : « Je ne t'ai pas appelé. » C'est ensuite seulement que le prêtre conseille à Samuel de répondre, s'il entend encore l'appel,: « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ». Et Dieu parle alors à Samuel pour lui confier une mission. Je ne sais pas si une telle expérience est arrivée à quelqu'un d'entre vous, mais je n'ai pas le droit de mettre en doute cette manière qu'a Dieu de rencontrer telle ou telle personne. Même de nos jours, nous avons des témoignages assez nombreux de convertis. Je pense à Paul Claudel qui raconte comment, un après-midi de Noël, à Notre-Dame de Paris, tout a basculé dans sa vie, alors que l'instant d'avant il était totalement incroyant. Je pense à un journaliste contemporain, André Frossard, qui raconte, dans un livre intitulé « Dieu existe, je l'ai rencontré », une rencontre semblable.

Je n'ai pas le droit de mettre en doute ce type de rencontre, mais je voudrais m'étendre davantage sur un type de rencontre plus lente, plus habituelle qui est illustré par le récit de l'évangile d'aujourd'hui : la rencontre d'André et de son camarade avec Jésus. Il y a dans le récit évangélique un certain nombre de verbes qui décrivent le cheminement de ces deux hommes : il y a « entendre, suivre, voir, écouter, regarder, marcher avec » et, à la fin, « demeurer avec ». Tous ces termes expriment une démarche, celle de ces deux pêcheurs de Galilée, qui, certainement, avaient un grand désir, puisqu'ils avaient déjà abandonné au moins provisoirement leur travail pour devenir disciples de Jean Baptiste. Ils ont entendu Jean annoncer la venue du Messie, ils ont suivi Jésus « de loin », et Jésus s'est retourné et leur a dit : « Que cherchez-vous ? » Avez-vous remarqué la réponse ? On raconte que les Juifs répondent toujours à une question par une autre question. Eh bien, leur question-réponse est pour le moins bizarre : « Où demeures-tu ? » Ensuite, André ira trouver son frère Simon pour lui annoncer «Nous avons trouvé le Messie». A travers ces deux récits, se dégagent trois caractéristiques de la rencontre avec Dieu.

Premièrement, c'est Dieu qui nous cherche. Ce n'est pas nous qui avons l'initiative première. Pascal disait : « Tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais déjà trouvé ». Il nous cherche. Il cherche à nous rencontrer. Et c'est nous qui sommes souvent prodigieusement indifférents. Nous vivons trop souvent dans ce que Baise Pascal appelait le « divertissement ». Sans aucune intériorité. Il ne peut nous parler et nous trouver que dans le silence et dans l'écoute de sa Parole. Mais il nous cherche. C'est lui qui a l'initiative.

A cette recherche doit correspondre notre propre recherche. Etre des hommes de désir. Ne nous contentons pas de penser : « Moi je crois en Dieu » ou « Je crois qu'il y a quelque chose ». Cela ne veut strictement rien dire. Pour qu'il y ait rencontre, il faut considérer Dieu, non comme une idée, mais comme une personne.

Enfin, troisièmement, il faut des intermédiaires. Dans le cas de Samuel, c'était le prêtre Héli, dans le cas d'André, c'était Jean-Baptiste, et dans le cas de Simon-Pierre, ce fut André son frère. Il y a toujours besoin d'un intermédiaire. Les intermédiaires, cela ne manque pas : ce peut être un prêtre, un camarade, un journal, la Bible ou un film, ou l’événement d'aujourd'hui, tout cela relu à la lumière de la Parole de Dieu, mais la plus importante des trois conditions, c'est, je crois, notre propre désir de rencontrer Dieu. Aujourd'hui Jésus nous redit : «Celui qui cherche trouvera ; à celui qui frappe, on ouvrira». Soyons des «chercheurs de Dieu».

 

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