Septième dimanche dans l'année B - 2003

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Jésus était venu passer la journée dans la maison de Simon-Pierre; la foule, alors, s'est empressée de venir, pour le voir, et surtout pour l'entendre. Alors, quatre hommes arrivent, portant un paralysé sur un brancard. Ils découvrent le toit et descendent le malade aux pieds de Jésus. Jésus dit à ce malade qui ne demandait pas cela, qui venait simplement pour être guéri de sa paralysie : " Je te remets tes péchés ". Le récit souligne l'étonnement de tous ceux qui sont là, à commencer sans doute par le paralysé qui, encore une fois, demandait à être guéri dans son corps, pas dans son cœur. Qu'est-ce que cela signifie ? Nous l’avons vu la semaine dernière, à propos du lépreux : pour les Juifs, si quelqu'un est malade, c'est qu'il a fait des péchés. Dans tous les cas, c'est automatique. Si tu es malade, c'est que tu as fait quelque chose de mal. S'il t'arrive quelque malheur, c'est que tu es pécheur. Quelle mentalité ! Mais attention : nous pensons encore nous-mêmes, souvent, quand il nous arrive quelque malheur, quelque maladie, nous pensons : « Qu'est-ce que j'ai fait au Bon Dieu ? «

Pour Jésus, la maladie, c'est autre chose. Elle n'est pas liée automatiquement au péché. Par contre, il voit l'homme dans sa totalité. Il perçoit plus qu'une paralysie des membres, une autre paralysie, celle du cœur. Cet homme n'est plus capable de marcher, plus capable d'avancer. En le relevant - non seulement son corps, mais aussi son cœur, son âme, son esprit - en le faisant tenir debout et en lui disant : « Cette fois, marche, avance », Jésus dit quelque chose d'essentiel pour nous aujourd'hui également, parce que souvent, nous sommes, bien sûr, très sensibles à la maladie, à toutes les maladies de notre corps. Et Dieu sait si la science contemporaine, si la recherche médicale s'efforcent de lutter contre la maladie. C'est tout à fait légitime. Mais j'ai l'impression que, parallèlement, nous ne sommes pas tellement sensibles à nos propres maladies du cœur, de l'âme, à notre propre péché.

Or, c'est cela que Jésus voit en priorité. C'est de cette paralysie-là qu'il veut nous guérir en priorité : de notre péché. Vous le savez bien : on vit dans un monde où l'on se dispense facilement de faire attention à notre propre péché, à tout ce qui est mal en nous. D'abord, parce qu'on se trouve une foule de bonnes raisons, de bonnes excuses : « Je suis comme cela ! Qu'est-ce que j'y peux ! Je suis comme je suis. »

En particulier, on se dit : « tout le monde fait comme cela. Il n'y a pas de raisons pour que je fasse autrement ». Ou encore, on pense : « Ce n'est pas ma faute : j'ai hérité de cela. C'est l'hérédité. Cela vient de mes ancêtres. C'est dans mes gènes. Par conséquent, il n'y a pas de péché. » On a tendance à nier le péché en soi. Par contre, on sait parfaitement bien le reconnaître chez les autres.

Jésus nous dit aujourd'hui : « Si tu ne veux pas être un paralysé, si tu veux être quelqu'un qui tient debout, quelqu'un qui marche, qui avance, il faut d'abord reconnaître tes paralysies intérieures. Les reconnaître pour te présenter devant moi et pour me demander simplement de t'aider. Voici que je fais un monde nouveau. Il est commencé, ce monde nouveau. Tu n'arriveras pas à te libérer tout seul du mal qu'il y a en toi. » Je fais allusion au mal personnel, au mal qui est en chacun de nous. Mais je peux en dire autant du mal collectif : le mal de nos sociétés, le mal de notre monde. La guerre, la misère, les injustices incroyables, la violence, la torture. Jésus nous dit aujourd'hui : de tout cela, vous ne pouvez pas sortir par vous-mêmes. Mais il y a une chose essentielle : commencez pas toucher du doigt, par reconnaître ce mal personnel, ce mal collectif. Alors seulement vous pourrez dire : avec l'aide de Dieu, le monde nouveau est déjà commencé.
Sous le regard du Christ, ce regard d'amour, nous demandons que nos cœurs ne soient plus ankylosés. Nous demandons qu'au contraire, nous sachions porter un regard et faire d'authentiques gestes d'amour pour nos frères. Ainsi, avec le Christ, nous travaillerons tous les jours à ce monde nouveau, pour dénouer les paralysies qui bloquent l'humanité.

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