Deuxième dimanche ordinaire B -2006
Qui n’a pas été touché par le récit du petit Samuel appelé par Dieu ? Qui n’a pas été remué en écoutant l’histoire de la vocation des premiers apôtres par saint Jean ?
Le vieux prêtre et l’enfant
Le vieux prêtre Eli est chargé de la garde de Samuel, le petit d’Elqana et d’Anne. Nous sommes une nuit dans le modeste temple où est gardé l’Arche, au creux des collines d’Ephraïm. Mais cette nuit est pleine d’appels mystérieux, comme si les étoiles chantent avec leur lumière un seul nom : « Samuel ! Samuel ! » Le vieux prêtre, habitué à prier Dieu dans la proximité de l’Arche, discerne que la voix entendue par le garçon est celle du Seigneur. Il apprend à Samuel à répondre à son interlocuteur invisible : « Si l'on t'appelle, tu diras : 'Parle, Seigneur, ton serviteur écoute.' » Quel respect à la fois du mystère de Dieu et du secret du cœur de l’enfant. Dieu parle au cœur de beaucoup d’enfants, lui qui s’est fait nouveau-né ! Les catéchistes qui préparent les petits à leur première des communions peuvent en témoigner !
Retenons deux points de cette première lecture. D’abord que nous n’avons pas à attendre des voix miraculeuses pour nous montrer l’appel de Dieu. Ce sont les autres autour de nous, les évènements du monde et de l’Eglise, nos responsabilités qui nous transmettent son appel. Et ensuite que pour interpréter la Parole de Dieu, nous avons besoin des frères, , de l’Eglise. C’est par l’intermédiaire d’un homme, le prêtre Eli, que Samuel reconnaît l’appel de Dieu.
Le prophète et l’Agneau
La foi passe par des médiations humaines. Eli aide Samuel à répondre à la voix qui s’adresse à lui. Jean-Baptiste met en route deux disciples en leur indiquant Jésus : « Voici l'Agneau de Dieu. » L’expression est riche de sens. Elle désigne à la fois le serviteur qui devra souffrir pour son peuple (Isaïe 53, 7), l’Agneau qui, à travers la faiblesse de ses fidèles, est vainqueur du mal (Apocalypse 6, 16-17), mais aussi l’agneau pascal dont le sang protège les Hébreux la nuit de la sortie d’Egypte (Exode 12, 12-13).
Voir et demeurer
Mais si les médiateurs sont nécessaires, l’essentiel réside dans l’appel. Jésus « voit » et invite à « demeurer » avec lui. Ce dernier verbe, qui revient trois fois dans ce passage, est utilisé 37 fois dans l’évangile de Jean. C’est dire son importance pour le quatrième évangéliste. Demeurer évoque l’intimité éternelle du Fils avec son Père au sein de la Trinité. « Nul n’a jamais vu Dieu. Le Fils Unique qui est dans le sein du Père, lui, l’a révélé » (Jean 1, 18). Dans ce récit, l’intention d’André et de son compagnon lorsqu’ils demandent : « Où demeures-tu ? », n’est pas de dire seulement : « où habites-tu ? », pas plus que : « où fais-tu école, à la manière des rabbis juifs ? » La question est autrement profonde. Elle signifie : « Toi qui es l’Agneau de Dieu, fais-nous voir quelle est ta relation avec Dieu et donne-nous de demeurer comme toi dan l’intimité de Dieu. » Ce qu’exprime à sa façon l’apôtre Paul : « Ne le savez-vous pas ? Votre corps est le temple de l'Esprit Saint, qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu. » (Deuxième lecture)
Cela nous apprend deux attitudes :
- être disciple, c’est avant tout accepter de se laisser faire. On apprend à aimer qu’en se laissant aimer. On ne peut devenir signe de la présence de Dieu qu’en acceptant de se laisser rencontrer par Lui.
- Pour nous comme pour Samuel, André et Simon, il n’y a pas de rencontre de Dieu sans une écoute continuelle de Sa Parole et sa mise en pratique dans le quotidien de nos vies.