Troisième dimanche ordinaire B -2006

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La leçon des lectures de ce dimanche est double. Elle consiste en une invitation à la conversion et à la tolérance.

Prenons la première lecture. Elle est tirée du livre de Jonas. Ce délicieux petit conte de quatre pages, il faut lire en entier dans votre Bible. Avec l’autodérision typique de l’humour juif, il livre un enseignement très important. Il met en scène un prophète à qui Dieu demande de porter un ultimatum à Ninive. Ninive c'est l'Irak, le pire ennemi d'Israël. C'est la capitale de l'empire le plus menaçant, une grande ville assoiffée de conquêtes. Bref, pour un Juif, une mission impossible ! Après bien des aventures, où tous les personnages sont sympathiques à l’exception … de Jonas, le prophète va finalement accomplir la tâche qui lui est confiée par Dieu. Et il constate avec surprise que les gens l'écoutent et se convertissent ! Jonas sort de la ville pour assister à sa destruction. Mais Dieu renonce à son projet. Jonas en est dépité. Mais Dieu lui répond : « As-tu raison de te fâcher ? »

Le premier message du conte c'est que Dieu aime tous les hommes et qu'il n'attend d'eux qu'un geste pour leur pardonner. Le cri de Jonas « Encore quarante jours et Ninive sera détruite » était un cri d'alarme. On n'est jamais définitivement condamné et Dieu pardonne toujours ; mais il faut que nos oreilles et nos cœurs soient ouverts à sa parole de pardon.

Deuxième message : Dieu est le Dieu de tout l'univers, y compris des étrangers. On peut le prier partout, bien au-delà des frontières d'Israël, sur un bateau et même dans le ventre d'un poisson. La présence de Dieu n'est pas limitée à un lieu, un pays, un parti politique ni à une religion. Elle est universelle.

Troisième message : ceux que nous considérons comme des païens sont souvent plus prêts que nous à écouter la Parole de Dieu. C'était vrai pour les habitants de Ninive. Cela le reste aujourd’hui. Je suis impressionné de voir des musulmans se convertir au christianisme, ici en Europe, alors que nos églises sont en crise…

Quatrième message : ce conte a été inventé après l'exil à une époque où les prophètes voulaient rappeler que Dieu veut sauver toute l'humanité et pas seulement le peuple élu. Ils voulaient faire comprendre au « fils aîné » qu’est Israël qu'il n'est pas fils unique. Dieu est un Père qui se soucie de tous, en particulier des plus éloignés.

L’appel qui retentit dans l’évangile de ce jour est similaire. Jésus dit : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne nouvelle ; le Royaume de Dieu est proche. » Pour André, Simon, Jacques et Jean, c’est le point de départ d’un chemin de conversion. La conversion est une démarche entamée un jour et qui n’est jamais terminée. Simon-Pierre et André, Jacques et Jean n’en étaient ce jour-là qu’au début. Ils ne savaient pas ce qui les attendait sur les routes de cette aventure. Mais en vivant le rencontre brûlante et personnelle de Jésus, il sentaient que « le monde tel que nous le voyons est en train de passer » (2e lecture).

Nous sommes tous appelés à quitter un jour père, mère, barque, ordinateur, voiture, bref la vie. Les quatre disciples de l’évangile anticipent leur propre mort. Ils nous montrent qu’on peut donner sa vie avant qu’on vienne nous la prendre et que c’est le seul moyen de la sauver.

Se convertir, c’est se détourner de quelque chose pour se tourner vers une réalité plus désirable. Le problème est que l’on sait ce que l’on quitte, mais que l’on ignore ce que sera cet avenir que nous choisissons. Impossible de s’y résoudre si l’on ne fait pas une confiance totale à celui qui nous appelle (foi), si nous ne croyons pas à la supériorité absolue de ce vers quoi nous allons (espérance), si nous ne sommes pas habités par un amour qui surclasse tous les amours (charité).

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