Premier dimanche de carême B - 2009

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En partant des terribles récits mythologiques mésopotamiens, traces peut-être de quelque énorme inondation, l’auteur du récit biblique qui écrit au IVe siècle avant Jésus-Christ, dit quelque chose d’original. Il lie le récit du déluge à un récit d’Alliance. Il nous dit la première grande alliance de Dieu avec toute la création en la personne de Noé. Dieu dit : « Voici le signe de l'alliance que j'établis entre moi et vous, et avec tous les êtres vivants qui sont autour de vous, pour toutes les générations à venir : je mets mon arc au milieu des nuages, pour qu'il soit le signe de l'alliance entre moi et la terre. »  Le Dieu de Noé n’est pas le Dieu qui punit, mais le Dieu qui propose l’alliance avec tous les hommes. Aussi quand il promet que le déluge ne punira plus l’humanité, il ne promet pas de surveiller désormais ses emportements : il promet de donner à l’homme les moyens de ne plus se détourner du droit chemin. Il place des signes visibles, un arc dans le ciel, pour que l’homme se souvienne et reste fidèle à l’alliance dont il bénéficie.  

Le psalmiste connaît cette alliance et sait que le salut est premier : « enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve …Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse, ton amour qui est de toujours ». La motivation première du retour à Dieu est la connaissance de son amour.

Saint Pierre interprète la geste de Noé à la lumière de la résurrection. Nous avons vu Dieu sauver les justes et promettre que l’homme échapperait désormais au jugement. Nous voyons en Jésus-Christ qu’il en est ainsi parce que Dieu prend le jugement à son propre compte : « lui, le juste, est mort pour les coupables ». Ainsi, continue-t-il, le Christ « est allé proclamer son message à ceux qui étaient prisonniers de la mort ». Tous ont reçu l’invitation à la vie. Le Christ est prêt à les « introduire devant Dieu ». Pierre nous rappelle donc que Dieu descend, en Jésus, jusqu’au fond de l'abîme où l’homme précipite l’homme, pour les remonter, criminels et victimes, à la surface et les refaire tous à neuf. Gardons au cœur l’espérance que les forces de vie sont les plus fortes. Notre mission de baptisé est d’apporter, par des gestes concrets, une lumière d’espérance.

Marc, lui, parle de la tentation de Jésus en deux rapides versets. Mais il y dit tout. La tentation n’est pas de manger des fruits défendus. Elle porte sur la confiance ou la défiance en Dieu. C’est de cela que Jésus nous parle quand il recommande de prier chaque jour : « Ne nous soumets pas à la tentation… » La vraie tentation, c’est de ne plus croire, ou de laisser mourir en nous la foi par manque total de nourriture. Comment réagir ? En contemplant Jésus. L’Esprit, irrésistiblement, le pousse, le chasse vers le désert. La tentation, elle est nécessaire, elle nous burine et nous approfondit. Jésus, au désert, a vaincu les forces du Mal déchaînées dans le monde. Et le désert s’est mis à fleurir. Et « parmi les bêtes sauvages… les anges le servaient… » Les fauves apprivoisés anticipent l’harmonie de l’univers pacifié par l’homme parfait qu’est le Christ. Les anges se mettent au service du Nouvel Adam qui est l’humble serviteur du Père. En Jésus, l’homme commence à se réconcilier les bêtes et les anges, c’est-à-dire la terre et le ciel.

Entrons donc en carême pour retrouver l’essentiel, pour nourrir notre foi par la lecture priante de la Parole de Dieu, par la sobriété du jeûne et par le partage fraternel avec les plus démunis. Ainsi passerons-nous de la peur à la confiance, de la mort à la vie.                

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