Noël - 2008

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Messe de la nuit

Chaque année, la nuit de Noël nous entendons le message des anges aux bergers de Bethléem : « Aujourd’hui un sauveur vous est né ». Chaque année aussi la première lecture de la messe de minuit est tirée du livre du prophète Isaïe. Isaïe écrivait au cours du huitième siècle avant Jésus-Christ. A cette époque, dans le nord de la Terre sainte, en Samarie et en Galilée, la situation était vraiment désespérée : Tout le territoire avait été envahi par les armées venues de Ninive : l’occupation était barbare ; une partie importante de la population avait été déportée de la façon la plus cruelle : beaucoup avaient les yeux crevés. Le prophète intervient pour dire que Dieu n’oublie pas son peuple et déjà, dans sa foi, il voit déjà comment la situation sera retournée : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi ... Oui ! Un enfant nous est né, un fils nous a été donné ». C’est manifestement de la naissance d’un roi que parle Isaïe un roi qui apportera la paix. Et le prophète, voyant toujours plus loin, annonce : « La paix sera sans fin…Voilà ce que fait l’amour invincible du Seigneur de l’univers ».

C’est dans la nuit de Bethléem que cette prophétie s'accomplit. Marie donne naissance à l’enfant promis. Les anges en chœur chantent : « Gloire à Dieu au plus Haut des cieux, et sur la terre, paix pour les hommes que Dieu aime. »

Contemplons la délicatesse extrême de cet amour ? L’enfant qui vient de naître arrive, « sur la pointe des pieds », dans le silence de la nuit. L’ange dit aux bergers : « Voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau né emmailloté et couché dans une mangeoire ». La mangeoire des animaux, la crèche, devient pour les pauvres, ces déplacés que sont Marie et Joseph, bientôt menacés pat la sauvagerie d'Hérode, la crèche se fait berceau de l'Enfant-Dieu.

Soyons comme les bergers : attentifs à Dieu présents dans les pauvres. Notre évêque nous demande en ces eucharisties de Noël de consacrer exceptionnellement une partie de la collecte pour venir en aide aux populations civiles du Nord Kivu dramatiquement déplacées et cruellement violentées par les diverses bandes armées qui ravagent leur province. Je vous demande de vivre Noël en étant particulièrement généreux aujourd'hui.

Messe du jour

Les lectures de la messe de Noël nous invitent à prendre de la hauteur pour contempler et nous émerveiller de la Parole de Dieu, du Verne de Dieu qui s'est fait chair. Le premier verset de Prologue de l'évangile de saint Jean nous conduit en Dieu, avant la Création. La Parole, le Verbe, Dieu lui-même, est tourné vers le Père comme on est tourné et tendu vers sa source. Et tout à la fin du prologue, au verset 18, saint Jean nous montre le Verbe, tourné vers Dieu dans le sein du Père. Comme le dit l'épître aux Hébreux (2e lecture), ce Fils est « resplendissement de la gloire du Père, expression parfaite de son être ».
Pour nous introduire dans une telle intimité, Jean emploie deux images complémentaires : Dieu est présenté comme l'intelligence qui conçoit une Parole et comme un Père qui engendre un Fils. Une parole n'est pas un être distinct de l'intelligence qui la conçoit, mais le fils est une personne distincte du père qui l'engendre. En Dieu, la Parole, le Verbe est son Fils : deux personnes dans l'unité de leur nature.

Et saint Jean poursuit : « Tout fut fait par lui et sans lui rien ne fut… En lui était la vie. » De son côté, l'auteur de l'épître aux Hébreux écrit : « Ce fils porte toutes choses par sa parole puissante… Par lui, il a créé les mondes. » La Genèse déjà nous montrait Dieu créant par sa Parole. Cette Parole, nous enseigne le livre de la Sagesse, tient toutes choses, fait tenir ensemble tout le cosmos, c'est-à-dire un monde organisé et intelligible ! Ce Verbe, Fils du Père, créateur et organisateur de la création, venant à la rencontre secrète de tout homme pour l'éclairer, s'adressant au peuple élu, cette Parole divine devient un homme fragile, assume une chair humaine, mortelle ; il devient humble créature. L'annonce est inouïe : l'Éternel dans le temps, le Créateur devenu créature ; l'inaccessible trois fois saint langé dans une crèche ! Et il a fallu la foi à transporter les montagnes pour voir la gloire de Dieu dans l'humble humanité de Jésus « plein de grâce et de vérité ».

« Nul n'a jamais vu Dieu », précise l'évangéliste. Toute l'Écriture en témoigne : l'homme ne peut voir Dieu. Toutes les religions cherchent Dieu à tâtons. Mais avec la naissance de la Parole dans la chair, Dieu vient au-devant de l'homme ! Le Verbe incarné vient faire connaître Dieu, il s'en fait l'interprète ! Et il nous offre, à nous pauvres hommes, la vie éternelle. Jésus le déclare : « Telle est la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissant, toi le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus le Messie » (Jean 17, 3).

Connaître, pour la Bible, c'est tout à la fois connaître par l'intelligence mais aussi établir une relation et aimer. Dieu est désormais connu - dans tous les sens du terme - et seulement par le Fils unique incarné. « Dieu s'est fait homme, osent dire les Pères de l'Eglise, pour que l'homme devienne Dieu. »

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