Cinquième dimanche ordinaire B - 2009

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Souvenez-vous des plaintes touchantes de Job dont la première lecture s’est fait l’écho. Il est l’image de l’humanité éprouvée par la souffrance et le malheur. Ecrasé par le soleil du jour, ne trouvant pas la nuit le sommeil, il est semblable à ces malades qui ne trouvent sur leur lit aucun repos, à ces personnes âgées qui ne maîtrisent plus le cours de leur vie, à ces malades accablés par la dépression nerveuse, ou encore à ceux qui se retrouvent sans emploi. La misère de Job dit quelque chose de tout homme, car toute vie est marquée de quelque manière par l'épreuve.

Face à la désolation de l’humanité, Dieu ne répond pas par des « abracabra » de magicien. Il vient rejoindre, en Jésus, l’homme dans son quotidien, parfois douloureux et même tragique. Il y a des moments où, face à la douleur de ceux qu’on aime, on ne peut rien faire d’autre que de partager. Après nous l’avoir montré à la synagogue, - l’espace du religieux -, Marc nous montre Jésus entrer dans la maison de Simon-Pierre, le lieu du profane. C’est tout l’homme qui est rejoint. Et là, il trouve la belle-mère de Simon au lit, terrassé par la fièvre. Les choses sont suffisamment sérieuses, puisque, sans attendre, on parle de la malade à Jésus. Ce dernier alors « la prit par la main Il la fit lever ». C'est l'un des verbes employés par les évangélistes pour parler de la résurrection. Le geste du Christ laisse donc deviner autre chose qu’une simple guérison. Par ce geste il donne déjà un signe discret de la grande guérison que le Messie veut réaliser pour l’humanité quand il se « lèvera » lui-même de la mort.

Mais la mention du service que rend aussitôt la belle-mère de Simon est elle aussi pleine de sens. Elle est rendue à la santé pour être rendue au service. La vocation chrétienne est bel et bien de se laisser guérir pour servir ses frères par les actes, ou son Seigneur par le culte et la prière.
Après la synagogue et la maison, l’évangéliste note l’endroit désert où le Christ se retire pour prier, pour puiser, dans la rencontre avec son Père, la force de sa mission dans les villages voisins « afin que là aussi je proclame la Bonne Nouvelle ». C'est pour cela qu'il est sorti. Comprenons bien : il n’est pas sorti de Capharnaüm. C’est de Dieu qu’il est sorti. Jésus revendique discrètement sa filiation divine et la mission reçue de l’Esprit : amener tous ceux qui seront touchés à revenir au Père, à rentrer avec lui dans le sein du Père.

C’est pour nous une lumière et une joie. Tout ce que nous faisons pour le Seigneur, si petit et caché que ce soit aux yeux des hommes, prend un sens tout autre : nous contribuons au retour du monde à Dieu. Si nous unissons notre vie à celle du Christ, nos jours ne sont plus seulement des « journées de manœuvre » (Job), mais une mission vers nos frères. « Oui, libre à l'égard de tous, je me suis fait le serviteur de tous afin d'en gagner le plus grand nombre possible (…) Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns », écrit magnifiquement saint Paul. Très simplement, comme la belle-mère de Simon qui a accueilli son rétablissement comme un moyen de servir. De même, saint Pau a appris à renoncer aux moyens de la puissance, pour recevoir la grâce de devenir porteurs de la Parole de vie du Christ ressuscité.

Il en va de même pour nous, à qui Jésus veut dire : je ne t'appelle plus serviteur mais ami, ma grâce te suffit, reçois ta vie comme une grâce, partage-la, et confie-la-moi. Alors tu seras réconcilié avec toi-même et tu parviendras à la profonde paix du cœur.

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