Quatrième dimanche du carême B - 2012

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Le texte d’aujourd’hui n’est pas facile. Il ne raconte ni un épisode de la vie de Jésus, ni une parabole. Il s’agit plutôt d’une méditation devant la croix. La croix nous révèle le visage et le cœur de Dieu, le Dieu de Jésus Christ, le Dieu qui n’est qu’Amour.

L’amour s’est fait chair dans le sein de la jeune fille de Nazareth. L’amour est devenu l’un de nous dans une vie semblable à la nôtre, avec seulement plus de risques, plus d’épreuves, plus d’obscurité. L’amour s’est fait bouchée de pain et gorgée de vin afin que nous ne fassions qu’un seul corps avec lui. L’amour s’est laissé clouer sur une croix. Il n’est pas une page de l’évangile qui ne trahisse cet amour bouleversant de Dieu pour nous. « Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique ».

Que nous restons lents à croire à tant d’amour ! Qui donc est Père comme Dieu ? Finirons-nous par nous écrouler entre ses deux bras ? Par baisser la garde ? « Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé ».
N’oublions pourtant pas le tragique de la condition humaine.  Les horreurs que nous vivons, depuis le massacre d’enfants innocents jusqu’aux brutales fermetures d’entreprise, en passant par la perversité morale, nous mettent durement devant le drame d’hommes qui choisissent et préfèrent la mort.  Face au mal, aux situations de mort, aux projets de mort, Dieu s’engage. Lui, le Vivant par excellence, nous propose de nous transfuser sa propre vie, sa Vie éternelle, sa vie qui n’est qu’amour. Mais c’est un amour crucifié. C’est un engagement qui coûte cher : la croix. De celle-ci, jaillit une lumière qui fait la vérité sur l’homme. Une lumière qui  fouille et met à nu, ne laissant aucun coin d’ombre où cacher son jeu. Les rayons de la croix lumineuse enlèvent le masque à celui qui voudrait jouer la comédie, ils lavent la conscience de celui qui se grime.
Quel mystère que tant d’hommes préfèrent les ténèbres à la lumière, le « grouillement d’iniquité » à la transparence de la vérité ! La méditation de saint Jean devant la croix est sévère. Croire, pour lui, est une décision qui engage toute l’existence. C’est passer de l’existence superficielle à l’existence en profondeur. C’est opter pour ou contre la vie. C’est être ou ne pas être.

C’est parce qu’Il n’est qu’Amour, que Dieu attend notre consentement : croire. Il a tout fait, de son côté, pour que nous soyons sauvés, vivants éternellement, éternellement heureux. Mais si Dieu ne juge et ne condamne personne, hélas, « celui qui ne veut pas croire est déjà jugé », il se juge et condamne lui-même. Car Dieu n’a pas créé des pantins ou des automates, mais des hommes libres. Celui qui ne veut pas de la lumière est simplement laissé à lui-même.

Mais « celui qui fait la vérité vient à la lumière ». Celui qui, grâce à l’aide de la foi, descend en sa propre profondeur jusqu’à ce point où il rencontre Celui qui n’est qu’Amour, celui-là est déjà dans « la vie éternelle ». Celui qui entre dans le combat de Dieu contre les puissances d’infamie, celui qui croit que les forces du malheur n’auront pas le dernier mot, celui-là baigne déjà dans la lumière de l’éternité.

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