Cinquième dimanche de Pâques B - 2012

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Comme l’image du berger dimanche dernier, celle de la vigne parcourt elle aussi toute la Bible. Noé plante une vigne après le déluge et un monde neuf peut renaître (Genèse 9,20). Le Cantique des cantiques désigne plutôt la vigne comme l'Epouse : « Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens ! … Le figuier embaume ses fruits, et les vignes en fleur exhalent leur parfum. » Chez les prophètes et les psaumes, elle représente Israël.

Pour produire du fruit, La vigne demande au vigneron beaucoup de soins et un entretien permanent, tout au long de l'année. C'est vraiment une histoire d'amour ! On comprend qu'elle a dès lors, et très tôt, représenté de manière privilégiée la relation de l'Alliance entre Dieu et son peuple, sous tous ses aspects. Laissée à elle-même, la vigne dégénère en très peu de temps. Israël, tel une vigne, se dépérit s'il abandonne le Dieu Unique pour se confier à d'autres dieux qui ne pourront lui faire produire du fruit. (Isaïe 60,21 ; 61,3).

Je suis la vigne, dit Jésus. Il est le cep (le tronc) et ses disciples sont les sarments (les branches). Le Père est le vigneron. La leçon principale de ce passage de saint Jean, c’est que Jésus et les siens sont uns. Ils demeurent l’un dans l’autre. Jésus demeure en nous comme nous demeurons en lui.  Elisabeth de la Trinité disait : j’offre à Jésus « une humanité de surcroît ».  Plus le disciple est attaché au Christ, plus il l’aime. Plus il s’applique à écouter ses paroles et à les mettre en pratique, plus il donnera du fruit. 

Il n’est pas surpris de traverser des épreuves, de subir des attaques : elles sont comme autant  de coups de sécateur du Père-vigneron qui l’émonde pour lui permettre de donner davantage de fruits.
L'image de la vigne, plus encore que celle du Pasteur, évoque donc notre union au Christ. La sève vivifiante du Christ passe dans les sarments que nous sommes. L’image de la vigne indique que l'action même du Christ qui passe dans celle du croyant. Etre croyant, c'est accepter de se  laisser agir par Lui et de le laisser agir par nous. Le sarment que nous sommes  n'est rien sans le cep qu’est le Christ,  mais le cep produit du fruit dans le sarment.

Cet enracinement dans le Christ est si vital et décisif que se couper de Lui conduit tout droit à la mort. Le sarment qui se dessèche est coupé et brûlé : il retourne au néant. « Le drame de  l’humanisme athée » comme l’appelait le Père de Lubac est de vouloir créer un monde sans ce lien de la foi considérée comme un carcan insupportable. Nous avons vu au 20ème les deux tentatives les plus colossales jamais entreprises dans l’histoire pour éliminer Dieu et édifier un monde parfait : le communisme promettait des lendemains qui chantent et le national-socialisme un surhomme nouveau, le pur Aryen. Cela a donné l’horreur du Goulag et d’Auschwitz. Détachés du cep, desséchés, les sarments stériles ne peuvent plus donner de fruit: ils tombent dans le feu de l’autodestruction.  Mais restons modestes, d’autre horreurs, sans doute moins massives, ont été commises au nom de Dieu…

La vérité c’est que le fruit des sarments que nous sommes est le nôtre et en même temps  celui du Christ, qui nous porte. Ce fruit tant désiré, c’est nous- même qui le devenons, lorsque nous accueillons par la prière, la Bible et l’eucharistie la sève vivifiante du Fils qui nous transforme en lui. En devenant, par Lui, plus humains avec nos frères, nous sommes divinisés.

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