Troisième dimanche de l'Avent B - 2011-2012

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Suivons au fil de la liturgie, les quatre grandes figures qui y sont présentées : Isaïe, Paul, Marie et Jean Baptiste. Tous, à leur manière, nous parlent de la joie qui traverse leur vie. Voilà pourquoi le célébrant revêt, ici à Stavelot, une chasuble rose où l’attente vigilante de l’Avent, symbolisée par la couleur violette, se nuance de gaîté.

Isaïe exprime sa liesse en ces mots : « le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, guérir ceux qui ont le cœur brisé…». Marie se stupéfie que le Seigneur se penche sur son humble servante et qu’il a fait pour elle des merveilles. Paul, lui, encourage les chrétiens de Thessalonique : « Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance… N'éteignez pas l'Esprit ». 

Mais la joie de ce dimanche est très particulière. Elle ne peut naître qu’en celui qui s’est laissé dépouiller. Elle est joie qui libère, joie qui redresse, joie qui permet d’avancer, de bondir, de franchir les montagnes (Isaïe 52, 7), ou de courir à travers le monde comme Paul pour aller annoncer la Bonne Nouvelle… C’est aussi une joie qui dépouille son porteur pour lui permettre d’accueillir davantage : pour obtenir de nouvelles richesses encore plus grande encore, comme cet homme de la parabole qui trouve un trésor dans un champ et s’en va ravi de joie, vendre tout ce qu’il possède pour acheter le champ… et le trésor (Matthieu 13, 44) ! C’est ce qu’à compris et ce que chante Marie : « il renvoie les riches les mains vides », « il comble de bien les affamés ! »

Dans l’évangile de ce jour il n’est pas fait mention de manière explicite de la joie de Jean le Baptiste. Pourtant elle se devine en filigrane. Elle est cachée. Mais elle est bien là. C’est la joie de l’attente. Qui d’entre nous n’a pas éprouvé ce sentiment sur un quai de gare lorsque, venu pour accueillir un proche, nous cherchons, parmi les visages des voyageurs, le regard de l’être aimé ?… Et l’exultation qui jaillit au moment où son visage, au milieu de la foule, soudain nous apparaît...

Jean le Baptiste a été traversé par cette joie. Il n’était pas la lumière, mais son simple témoin. Pour reprendre une belle image de Jean Scot Erigène, un théologien irlandais du 9e siècle : « l’un est l’étoile du matin qui apparaît à l’aube du Royaume des cieux, (…) l’autre est le soleil de justice qui lui succède. »

Accueillons cette joie vécue par les quatre témoins d’aujourd’hui comme un appel à la foi, une foi rayonnante et communicative. A la suite de Jean Baptiste, soyons nous aussi des témoins de la lumière toujours soucieux de préparer les chemins du Seigneur et de dire son amour. C'est cela qu'il attend de chacun de nous. Mais pour remplir cette mission, nous venons puiser à la source de la parole du Seigneur et de son Eucharistie.

Seuls ceux qui se sont désencombrés peuvent accueillir cette joie. Devenons comme une flûte, qui doit être évidée pour laisser passer l’air et chanter sa mélodie. Laissons-nous traverser par le souffle de l’Esprit : à travers nous résonnera la joie de Dieu offerte à  tous les hommes.

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