Onzième dimanche dans l'année B - 2012

Retour

La clé qui ouvre toutes les lectures que nous offre la liturgie de ce dimanche, nous la trouvons dans le début de la 2e lecture. Saint Paul nous y dit : « nous avons pleine confiance, tout en sachant que nous sommes en exil loin du Seigneur tant que nous habitons dans ce corps ; en effet, nous cheminons dans la foi, nous cheminons sans voir. »

Mais comment vivre dans la confiance ? Suivons les lectures. Le prophète Ezéchiel nous décrit l’action de Dieu comme celui qui cueille un petit rameau,  qui le plante en terre, pour lui permettre de devenir un cèdre magnifique où viennent s’abriter les oiseaux. Oui, renchérit le psaume : « Qu'il est bon de rendre grâce au Seigneur… Le juste grandira comme un palmier, il poussera comme un cèdre du Liban »  Donc, le premier motif de notre confiance, c’est que c’est Dieu qui est à l’œuvre, c’est Lui qui prend l’initiative. Alors, ne tombons pas dans l’agitation ou dans l’anxiété. Dieu est là, nous sommes de simples collaborateurs.

La première parabole de l’évangile, que Marc est le seul à rapporter, exprime cette confiance optimiste : «Nuit et jour, qu'il dorme ou qu'il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment.» Que le semeur s'en tracasse ou non, le grain pousse tout seul et se développe. En nous et autour de nous, Dieu est à l’œuvre de manière cachée, imperceptible, sans que nous en ayons conscience.

Alors que tout s’agite autour de nous, apprenons à rester calme, à ne pas nous affairer, à dormir tranquillement. Il ne s’agit pas de faire des œuvres pour Dieu, il s’agit de permettre à Dieu de faire son œuvre à travers nous. « J’ai semé, Apollon a arrosé, mais c’est Dieu qui donne la croissance », écrit saint Paul aux Corinthiens. Nous avons à faire notre petit possible, certes, mais c’est Dieu qui agit et touche les cœurs. J’ai toujours été frappé par la réponse de Bernadette Soubirous adolescente quand des visiteurs lui disaient ils ne la croyaient pas : « je ne suis pas là pour vous le faire croire, je suis là pour vous le dire ! »

Une autre leçon à tirer de très belle petite parabole du grain qui pousse tout seul, c’est le sens de la patience. Un proverbe oriental dit : « ne pousse pas la rivière, elle coule toute seule. » Ne nous cherchons  pas à contrôler la Parole de Dieu, efforçons-nous seulement de ne pas la contrarier (Isaïe 55,10-11). Ce qui est en notre pouvoir c’est contempler le mystère du Royaume de Dieu qui grandit sans nous.

Et saint Marc enchaîne en montant la vraie grandeur qui est dans ce qui est petit : « la graine de moutarde, la plus petite de toutes les semences et qui devient un arbre qui abrite les oiseaux du ciel. » Ce que nous disent ces parabole du grain semé dans le champ du monde, de la graine de sénevé si menue, c’est qu’il y a en chaque homme, un germe de sainteté. Le semeur divin a jeté en nous une semence de sainteté Il ne dépend pas de nous de la faire grandir, de la transformer en un bel arbre,  ni en nous, ni chez les autres.

Ce qui nous revient est de faire la place à la Parole, que nous retrouvons dans chaque eucharistie, à l’accueillir dans un cœur vide et non soucieux d’efficacité, à la murmurer comme la très belle prière de Marie Noël :


« Mon Dieu, source sans fond de la nature humaine
Je laisse en m’endormant couler mon cœur en vous
comme un vase tombé dans l’eau de la fontaine
et que vous remplissez de vous même sans nous. »

Retour