Dix-septième dimanche dans l'année B - 2012

Retour

 « Donne-leur à tous ces gens pour qu’ils mangent » ordonne Elisée. Jésus, à son tour, se demande comment faire « pour qu’ils aient à manger ». Nous sommes devant la nécessité humaine la plus simple et la plus nécessaire : se nourrir. Recevoir d’autres de quoi manger. L’être humain nait, et grandit, en devant recevoir sa nourriture d’autres êtres que sont ses parents. Ce qui vaut du nourrisson vaut aussi d’une autre manière de l’adulte : nous sommes faits pour recevoir et pour donner, pour manger et pour donner à manger.

Mais remarquons que Jésus comme Elisée ont besoin qu’une personne offre généreusement ce qu’elle a … « Quelqu’un offrit à Elisée vingt pains et du grain frais. » Dans l’Evangile, un jeune garçon, offre « cinq pains d’orge et deux poissons. » L’anonyme d’Elisée et le jeune garçon ont tous deux fait confiance à l’homme de Dieu - en fin de compte à Dieu. Ils n’ont pas retenu jalousement ce qu’ils avaient, ils ont partagé de leur nécessaire, sans compter, et cela a porté du fruit. Ils ont offert quelque chose qui n’est pas extraordinaire, quelque chose qui est à la portée de tout le monde. Là est peut-être ce qui est à retenir pour nous. Il est si facile de se dire : je ne suis ni Jésus ni Elisée, comment puis-je donner à manger aux foules ? La question n’est pas là. Elle est : que puis-je donner de ce que j’ai ? Quel pain, quelle parole puis-je offrir ?

Ce n’est pas le côté miraculeux de le multiplication des pains qui importe. Non pas qu’il faille en rejeter la possibilité. Dans la vie de saints, comme Jean-Marie Vianney ou Don Bosco, on trouve attesté de tels faits. Le plus important à retenir, c’est que Dieu a besoin de notre libre collaboration. En réalité ; c’est bien Dieu qui prend soin de son Peuple à travers notre consentement : « tu leur donnes la nourriture au temps voulu ; tu ouvres ta main : tu rassasies avec bonté tout ce qui vit », chantions-nous dans le psaume. Dieu fait l’impossible avec notre possible. Il nous aide à franchir la peur de manquer lorsque comme nous y invite  saint Paul, « ayez beaucoup d'humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour. »

Les deux récits de multiplication montrent qu’après avoir donné de son nécesszaire, voici que ce nécessaire produit un reste qui est l’intérêt de ce qui a été investi sous forme de don N’est-ce pas à un tournant de cette nature que notre société devra réfléchir et négocier pour sortir de ses impasses économiques et financières ?
Cela nous renvoie enfin à nos eucharisties. A la messe, le pain que nous rompons et que nous mangeons, s’il ne dit rien de ce que nous avons à donner et à partager, il a beau être consacré, il ne nous nourrira pas.

Mais si nous acceptons de partager, le texte de saint Jean nous le montre de manière impressionnante,  nous entrons dans le mystère de Dieu:


Jésus PREND (les pains qu’on a accepté de lui donner)… REND GRÂCE (verbe grec : « eucharistein  « eucharistie ») LES DONNE sans mesure et apaise notre faim de vérité, de confiance, de solidarité, de sens, de liberté, de joie, de paix.

Retrouvons l’esprit d’enfance pour donner ce que nous pouvons donner et recevoir le Don sans mesure qu’est Dieu.

Retour