Vingt-sixième dimanche dans l'année B - 2012

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A force de sciences et de machines, notre monde finirait par tomber dans l’illusion de presque tout maitriser. Mais en réalité, la vie est le plus souvent imprévisible. C’est encore plus vrai pour la vie spirituelle. « L'Esprit souffle où il veut, tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d'où il vient ni où il va » disait Jésus à Nicodème.

Lorsque Joseph, inquiet de ce qui se passe pour sa fiancée, envisage de la renvoyer, un ange lui apparaît en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint » (Matthieu 1,15). Jésus ne faisait pas partie des notables. Il, n'était ni prêtre, ni docteur de la Loi, ni membre du Sanhédrin. Ressuscité, il ne se manifestera pas à Pierre en premier, mais à Marie Madeleine et aux autres femmes dont le témoignage n’avait aucune valeur dans la société juive du 1er siècle.

Pierre appelé chez un païen, le centurion romain Corneille, constate que ce non-juif a déjà reçu l'Esprit Saint avant même de recevoir le baptême. (Actes 10, 45-46)

Plus étonnant : Paul, le juif intégriste et persécuteur. Sa conversion soudaine sur le chemin de Damas, suscité par l’Esprit Saint, fera de lui, qui n’est pas du groupe des apôtres, celui qui accomplira l'essentiel du travail d’ouverture aux païens. 

C’est certes un peu déroutant pour les responsables. Mais leur tâche n'est pas de diriger l'Esprit Saint, mais de le reconnaître, de le discerner et de l'authentifier. C’est ainsi qu’agit Moïse dans la première lecture : « Serais-tu jaloux pour moi ?Ah ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux, pour faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! ». Jésus répond de même à l’apôtre Jean : « Ne l'empêchez pas : celui qui n'est pas contre nous est pour nous. »

Sachons donc nous émerveiller de découvrir l’Esprit agir chez les autres, hors de nos frontières. Le vieux pape Jean XXIII écrivait : « L’Église a de nombreux ennemis, mais elle ne doit être l’ennemie de personne. » Le cardinal Martini, décédé récemment, a vécu cette ouverture à tous..

Mais pour arriver à cette bienveillance, il faut rester exigeant vis-à-vis de soi-même. Il y a des choix à oser faire, comme nous y invite les images surprenantes de Jésus. « Si ta main, ton pied, ton œil t'entraîne au péché, coupe le  …» Bien sûr, il ne s'agit pas de nous mutiler. Le Christ ne vient rien massacrer en nous, mais au contraire tout consacrer. Si Jésus nous demande parfois des ruptures, des détachements, ce n'est jamais pour rétrécir notre vie, mais pour la déployer.

À quoi servent nos mains, nos yeux, notre cœur ? Servent-ils à prendre à s'approprier, à dominer, à exploiter ? « Vous avez recherché sur terre le plaisir et le luxe, et vous avez fait bombance pendant qu'on massacrait des gens », dénonce durement saint Jacques.

Ou bien nos mains, pieds et yeux sont-ils au service des pauvres, de la confiance, du respect, de l'admiration, de la prière ? Sommes-nous assez libres pour aimer et rendre libres ?

La Concile Vatican II disait magnifiquement : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n'est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur »  (Gaudium et Spes).

Miséricorde et exigence : apprenons à partager les joies et les souffrances celles et de ceux que Dieu met sur notre route. Sachons aussi nous émerveiller de tout ce que son Esprit fait de grand, hors de nous et sans nous.

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