Cinquième dimanche dans l'année B - 2012
Les lectures de ce dimanche nous brossent un tableau de la mission de l'Eglise à la suite de Jésus. Elle doit entendre d'abord le cri de souffrance de Job, l'immense clameur de tant et tant d'hommes qui traversent l'épreuve. L'apôtre Paul ne fait rien d'autre quand il dit dans la deuxième lecture se faire « le serviteur de tous afin d'en gagner le plus grand nombre possible. »
Mais c'est dans l'évangile que nous avons à contempler Jésus pour apprendre la mission qu'il nous confie. Nous le voyons d'abord se rendre dans la maison de Simon-Pierre. La belle-mère de Simon y est alitée, en proie à la fièvre. C'est déjà en filigrane une image de l'Eglise. L'Eglise peut être malade de l'intérieur et avoir besoin du Christ pour la remettre debout. Puise-t-elle ne jamais l'oublier… Le mot grec (que la traduction liturgique rend par l'expression « il la fit se lever » ) est le même mot que Marc utilise pour dire la résurrection du Christ à la fin de son évangile. Ainsi le mot « résurrection » est-il déjà lancé dès les tout premiers versets du premier chapitre.
« Le soir venu, après le coucher du soleil… », à l'achèvement du sabbat, saint Marc note que Jésus « guérit toutes sortes de malades, il chassa beaucoup d'esprits mauvais » . Cette action que Jésus confie à son Eglise comme une première mission. Jésus, nourri par les paroles de Job, ne peut pas ne pas agir devant tant de misères du corps et de l'esprit. Et les chrétiens ne peuvent pas faire autrement.
Mais le récit évangélique continue. Jésus va adopter d'autres attitudes qui sont comme autant de devoirs pour son Eglise. Car, comme Eglise nous ne possédons pas Dieu. Il n'est pas à notre disposition, Il nous échappe toujours, Il est toujours au-devant de nous. « Le lendemain, bien avant l'aube, Jésus se lève, Il sort et s'en va dans un endroit désert. » Imaginez la maison encore endormie, la pénombre, Jésus qui sort sur la pointe des pieds et qui s'en va dans un endroit désert parce que, là-bas, Il veut prier. Quelle est cette seconde attitude, cette deuxième mission confiée à l'Eglise ? C'est le devoir de solitude, le devoir de silence, le devoir de prière. le devoir de ressourcement. Jésus remonte à sa source, Il remonte à ce lieu d'où Il se reçoit, d'où Il reçoit sa capacité d'être serviteur. Comment son Eglise pourrait-elle faire l'économie de cette même démarche du ressourcement ?
Enfin Jésus dit à ses disciples qui l'ont retrouvé dans la colline : « Partons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame la Bonne Nouvelle ; car c'est pour cela que je suis sorti. » Si Jésus nous remet debout, s'i nous invite à nous rendre proches des personnes qui souffrent, s'il nous demande de nous mettre à l'écart pour nous ressourcer, c'est pour nous rendre capable de partager, de servir à notre tour. Reprenons plus haut le texte de saint Marc. Quand Jésus a pris la belle-mère de Pierre par la main pour la remettre debout, Marc précise : « Il la fit lever, la fièvre la quitta, et elle les servait ». Pourquoi est-ce que Marc ne dit pas : « La fièvre la quitta et elle fut guérie » ? Ou bien « la fièvre la quitta et elle rendit grâce à Dieu. » C'est souvent ce qui est dit ailleurs dans l'Evangile. Non : « La fièvre la quitta et elle les servait . » C'est que cette femme, une fois guérie et ses forces de maîtresse de maison retrouvées, se tourne vers ceux qui sont là. Jésus a tendu sa main vers elle, et elle fait la même chose : elle tend la main vers ceux qui sont à sa porte. Elle a reçu, elle donne. La logique du Royaume de Dieu est lancée. Les gens commencent à se tourner les uns vers les autres, à devenir serviteurs les uns des autres. C'est la troisième mission donnée à l'Eglise : devenir des communautés solidaires, autonomes et responsables.
Se laisser guérir par la conversion, pour devenir guérissant à notre tour. Nous ressourcer dans la solitude, le silence et la prière, pour former des communautés solidaires et fraternelles : voilà la mission que Jésus confie à l'Eglise que nous sommes.