Septième dimanche dans l'année B - 2012

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Il est de curieuses façons d'entrer dans une maison, par exemple celle du voleur qui perce le mur (Matthieu 24, 43) ou celle des compagnons de ce paralytique qui découvrent le toit. L'un et l'autre rentrent en faisant un trou. Mais il y a des différences. Le voleur rentre par le trou et y repasse son forfait commis. Rien n'est changé pour lui : il a pénétré à moitié courbé et il est ressorti encore plus tordu sous le poids de son larcin. Mais le paralytique, lui, entré par le trou du toit, repart debout, par la porte.

La deuxième différence c'est que le voleur espère qu'il n'y a personne dans la maison, et en tout cas,  s'il y a l’occupant, il aura de quoi le ligoter. Le paralytique entre par le trou parce que la maison est pleine de monde autour de Jésus et que lui, il est lié sur son grabat par sa maladie.

La troisième, c’est que le voleur vient seul, subrepticement tandis que le malade/pécheur est porté par quatre compagnons. Mais, qui sont ces « quatre » ? Le texte grec de Marc dit sans précision « un paralytique soulevé par quatre. » Si on remontre au chapitre 1 du texte de l’évangile, Marc nous parle bien de quatre, les premiers appelés : Simon, André, Jacques et Jean. Ne serait-ce pas eux, les porteurs ? Ils font ce que fait tout apôtre : apporter (ne serait-ce qu’en prière déjà) les pécheurs, les malades, les pauvres aux pieds de  Jésus. Les gestes même qu’ils posent évoquent le mouvement du baptême. Ils glissent le paralysé au fond de la maison, comme on descend un cercueil dans un caveau. Toutes ces puissances de mort, ils les déposent là où elles doivent aller : devant Jésus. Ces humbles serviteurs de la misère humaine sont persuadés qu’il y a encore quelque chose à tenter pour sauver l’homme de son état mortifère : le mettre contact avec le Christ, annonçant la Parole à la maison de l’Eglise.

Et c'est aux pieds du Seigneur, et là seulement, qu'il va pouvoir renaître à la source de la vie et en sortir debout. Cet homme n'avait rien demandé. Il s'est laissé descendre. Et avant que ses compagnons aient exprimé leur désir, Jésus a reconnu leur foi et dit avec douceur : « Enfant, tes péchés sont pardonnés ! » C'est un constat. Les péchés sont pardonnés lorsque l'homme descend dans les profondeurs de son mal pour le déposer devant le Seigneur. Et lorsque Jésus dit : « Tes péchés sont pardonnés ! », il révèle à cet homme qu’il vient de naître à la vie éternelle. « Ne vous souvenez plus d'autrefois, ne songez plus au passé. Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas ? » (Isaïe 43)

Le signe, devant la foule de l'Église, de cette guérison en profondeur, c’est la santé physique recouvrée par le paralytique. Il repart debout. C'était pour cela qu’l était venu. Mais on ne repart pas de la présence du Seigneur sans avoir été remis debout à l'intérieur par le pardon des péchés. Entré en quelque sorte par effraction, l’homme sort maintenant par la grande porte baptismale ouverte par la miséricorde et le pardon du Seigneur. « Tu m’a rétabli pour toujours devant ta face » (Psaume 40).

 Chaque fois que nous nous tournons vers le Seigneur en demandant pardon pour nos nombreuses paralysies d’amour, et en particulier lorsque nous le faisons dans sa maison qu’est l’Eglise en recevant le sacrement de la Réconciliation, chaque fois, Il nous rétabli dans la grâce de notre baptême et nous fait entrer un peu plus dans le monde nouveau bâti sur son amour. 

De cette guérison du cœur, soyons les apôtres, les porteurs, comme Simon, André, Jacques, et Jean, sans relâche, puisque nous avons été remis debout, ressuscités, pour continuer la mission du Christ.

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