Vingt-cinquième dimanche dans l'année C 1997-1998

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La première lecture que nous avons entendue, nous donne le contexte nécessaire pour comprendre cet évangile difficile. Cette première lecture était tirée du livre du prophète Amos. Ce dernier vécut durant le règne très faste du roi Jéroboam II, dans le Royaume du Nord en Israël, à une époque où ce royaume avait atteint son plus haut niveau de pouvoir matériel et de prospérité.
Lorsque le prophète Amos se manifesta, il y avait dans le pays abondance, splendeur et orgueil. Les riches vivaient dans l’opulence. Ils avaient leurs palais d'été et d'hiver, richement ornés d'ivoire, avec des divans splendides sur lesquels ils s'étendaient pour consommer leurs somptueux repas. Ils avaient des vignobles et buvaient du bon vin, et s'oignaient d'huiles précieuses. Au même moment, la justice faisait défaut dans le pays. Les pauvres étaient affligés, exploités et même vendus en esclavage, et les juges étaient corrompus. C'est dans cette atmosphère qu'Amos rugit les paroles que nous venons de lire: « Écoutez ceci, vous qui écrasez le pauvre pour anéantir les humbles du pays, car vous dites: «Nous pourrons acheter le malheureux pour un peu d'argent, le pauvre pour une paire de sandales.» Le Seigneur le jure par la Fierté d'Israël: « Non, jamais je n'oublierai aucun de leurs méfaits ».

Tenant cet avertissement bien présent à notre esprit, passons à l'Évangile. Il semble bien que Jésus fasse allusion à une tricherie qui était survenue peu de temps auparavant et qui était sans doute bien connue de son auditoire. Il n'a certainement pas l’intention de nous enseigner comment tricher avec le fisc ! Un détail intéressant à remarquer est que Luc est le seul évangéliste qui ait rapporté ce récit; or nous savons à quel point Luc est préoccupé par tout ce qui concerne la pauvreté et le danger des richesses et de l'argent. En réalité la phrase qui résume tout est la dernière : « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon ». Luc en effet donne à l'argent un nom propre « Mammon », pour bien montrer que si l'on devient esclave de l'argent, celui-ci devient notre maître et nous domine comme un maître humain le ferait.

L’enseignement de Jésus dans ce récit est le suivant : Si les enfants de ce monde, qui sont eux-mêmes esclaves des choses matérielles, sont si habiles... combien plus habiles devriez-vous être, vous qui prétendez être les enfants de Dieu. Vous devriez utiliser l'argent, non pas pour vous construire une sécurité en vue d'un avenir temporel et mondain, mais pour vous construire un royaume éternel, à la fois pour vous-mêmes et pour vos frères humains. Et la façon de le faire consiste à considérer que vous n'êtes pas les propriétaires de ce qui vous possédez. Vous en êtes les gérants et vous devez en user selon les besoins de tous et non seulement selon vos propres besoins personnels.
Nous savons qu'il y a une grande cupidité en chacun de nos cœurs, et nous savons qu'il y a une très grande dose de cupidité et de corruption dans le monde, dans les rapports individuels comme entre les nations ou les blocs de nations. Les invectives d'Amos arrivent encore tout à fait à point. Et, comme du temps de Jésus, il nous faut choisir entre Dieu et Mammon.

Faisons de nouveau, chacun de nous notre option pour Dieu plutôt que pour Mammon, et demandons à Dieu d’éclairer les yeux et de guider les actions de ceux qui ont entre leurs mains la vie et le sort de millions de personnes dans le besoin.

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