Vingt-septième dimanche dans l'année C 1997-1998

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Le cri du prophète Habacuc jaillit du plus profond de l’humanité. « Combien de temps, Seigneur, vais-je t’appeler au secours ? » Elle retentit, cette clameur, en millions de voix qui protestent devant le silence de Dieu. « Tu n’entends pas crier contre le violence, et tu ne délivres pas ! » Ce n’est pas le seul endroit de la Bible où l’homme se révolte contre son sort et contre la passivité du ciel. Les innocents seront-ils donc toujours les premières victimes de la brutalité des hommes ? La souffrance des opprimés crie vengeance au ciel. Et Dieu se tait.

Patience, répond le Seigneur au prophète, chaque chose à son heure. « Le juste vivra par sa fidélité. » « Prends ta part de souf-france pour l’annonce de l’évangile », ajoute saint Paul de sa prison. Et la foi véritable est capable de transformer le monde, « de planter des arbres dans la mer », explique Jésus à ses disciples. Pa-tience, fidélité, foi, confiance : autant de variations autour d’une même attitude de fond qui nous est demandée.

« Augmente en nous la foi » disent les apôtres. Quelle foi ne faut-il pas entretenir en effet, pour continuer d’entreprendre l’évangélisation comme un service à remplir envers et contre tout ? Pour garder dans le coeur une image de Dieu qui reflète sa bonté, sa tendresse pour le monde, alors qu’on le pense frappé d’indifférence ? Qui nous donnera la graine de moutarde qui changera notre regard ?

La réponse à ses interrogations ne peut venir que de la prière où nous contemplons Jésus dans l’aventure de sa vie terrestre. Il a connu comme nous des joies et des peines. Il a ri, il a pleuré, il a pris part à des noces et à des funérailles. Il est mort injustement sur la croix. Et là, il a pris sur lui tous nos peurs : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Depuis cette croix, scandale et folie pour les hommes, la puissance du mal est vaincue, même si elle semble encore dominer l’histoire. Car la croix, pour nous comme lui, conduit à la résurrection. Elle est en fin de compte un cri d’espérance. Jésus ne nous promet d’ôter la souffrance de nos existences. Il nous répond en la transformant en un chemin de lumière. Mais pour le découvrir, il faut mener une vie spirituelle.

Lorsque nous ne prions pas, l’Esprit Saint ne peut pas nous éclairer. Et nous sombrons alors dans le pessimisme et la désespérance. Mais lorsque nous consacrons du temps gratuit à Dieu, nous lui permettons de nous fortifier et de purifier notre regard. Et nous entrons alors dans la confiance et l’optimisme.

Osons faire confiance à Dieu et à l’étincelle divine présente à toute homme. Voilà notre seul devoir : tenir bon dans l’amour.

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