Premier dimanche de carême C - 2000/2001

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Par l’homélie, il me faut actualiser la Parole de Dieu. Je vous propose de relire le récit des tentations du Christ en sachant que nous sommes en train de vivre un tournant. De plus en plus, des aspects importants de la vie de nos paroisses vont être progressivement mis dans les mains des chrétiens eux-mêmes, de laïcs qui n’auront pas tous reçu la formation théologique et spirituelle des prêtres. Il y a des risques si on réalise que les prêtres eux-mêmes, en dépit de leur instruction, ne répondent que difficilement aux exigences de leurs tâches.

Ainsi donc Jésus a-t-il voulu partager notre condition humaine jusqu’à être, comme nous, gravement tenté. Les évangiles de Matthieu et de Luc, disent les exégètes (= spécialistes des études bibliques), nous rapportent des paroles de Jésus sur les tentations qu’il a subi tout au long de sa vie publique et qu’ils ont raccroché au récit plus ancien de Marc parlant d’un séjour au désert.  Jésus, vers la fin de son ministère, faisant un bilan de sa vie, aurait dit à peu près ceci : « durant tout mon activité publique, j’aurai connu trois grandes tentations  qui sont celles-là mêmes qui vous guettent, si vous poursuivez mon œuvre ». Prêtres ou laïcs, nous en sommes tous menacés.

La tentation de « vouloir faire merveille » (les « miracles ») non pas pour la gloire de Dieu et le service des frères, mais pour notre propre gloriole. Cette attitude finit par blesser la communauté. Jésus n’a fait quelques miracles que pour rendre service à des malades, des foules qui risquaient de défaillir de faim ou des disciples apeurés. Et plutôt que de demander la reconnaissance de ceux qui ont bénéficié de ces signes, il les invitait à rendre grâce à Dieu.

La tentation de dominer, de prendre plus de pouvoir dans un groupe, d’imposer ses vues, de se rendre indispensable au lieu de s’effacer devant les autres et leur permettre de prendre leur place, ce comportement finit par tuer une communauté à petit feu. Jésus a payé d’exemple : il s’est fait le serviteur de tous, jusqu’à une mort infâme sur la croix.

Et puis, il y a la pire des passions ; celle qui « tente » Dieu et lui jette un défi. Celle qui fait qu’on se prend pour Dieu, qu’on n’a plus aucun souci de se mettre pauvrement à la suite de la Bonne Nouvelle, celle qui fait qu’on récupère Dieu pour s’en servir et asservir les autres. On assouvit ainsi sans frein ses propres appétits. Songeons aux sectes comme celle du Temple solaire qui ont défrayé la chronique il y a peu. Cette tentation est heureusement fort rare dans nos communautés. Mais reconnaissons honnêtement la fréquence des deux premières.

Au début de notre marche vers Pâques, confessons courageusement que nous avons besoin de conversion. Et confions-nous simplement au Seigneur dans l’aveu de notre péché sous le regard de nos frères et de la communauté où nous essayons de vivre davantage la grâce du baptême.

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