Troisième dimanche de carême C - 2000/2001

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Un massacre, une catastrophe ! Jésus ne lie pas péché individuel et malheur : « Croyez-vous que ces gens étaient plus pécheurs, plus coupables que les autres ? Eh bien non ! » Jésus ne voit pas dans ces évènements un châtiment de Dieu, mais tout simplement l’occasion d’adresser un avertissement : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière ». Qu’est-ce à dire ? Jésus menacerait-il ses auditeurs de catastrophe ou d’accidents graves ? Evidemment non, mais Jésus, à la manière des prophètes, aime les formules qui font choc.

Commentons un peu ce qu’il veut dire. D’abord, remarquons que Jésus ne fait pas intervenir Dieu dans le processus qui va du péché à la mort. Il donne un simple avertissement comme, par exemple, « si tu bois ce poison, tu mourras ». La mort est la conséquence du péché  et non l’exécution d’un verdict, comme celui d’un juge texan qui condamne un criminel à la chaise électrique. Combien  de morts sur nos routes ont pour origine directe un excès de vitesse ou une conduite en état d’ivresse ? Combien de cancers ont pour raison une catastrophe évitable comme celle de Tchernobyl ? Combien de milliers de personnes vont mourir cette année de faim à cause de l’égoïsme et de l’indifférence de nos pays développés ? Combien d’exclus, de chômeurs, de pauvres vivent dans la précarité parce que la guerre économique qui règne sur toute la planète ne connaît aucun répit ? Vous pouvez poursuivre la liste des malheurs qui, aujourd’hui même, sont dus au péché des hommes. Le péché tue. La mort est notre fait. Dieu n’en est pas à la source. Notre monde est assailli par des forces de mort et de malheur dont l’homme est largement responsable.

Le péché, c’est ce qui empêche de faire épanouir en nous ce qui pourrait naître : l’amour sous toutes ses formes. Le péché, c’est l’anti-naissance, c’est la stérilité. Et la stérilisation. Car nous empêchons les autres de grandir dans leur pleine humanité. Le péché tue, parce qu’il pactise avec la mort de l’autre et avec notre propre mort. Il nous stérilise. Il nous sclérose.

Nous vivons dans un univers qui vient de Dieu et dont il nous a faits les gérants. Et Dieu nous adresse un appel et un avertissement.

Un appel d’abord. C’est le même que celui qu’il adressait à Moïse au buisson ardent : « Va ! Je t’envoie pour libérer mon peuple ». Le même appel que Jésus a entendu et auquel il répond par  cette parole du psaume 40 : « Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, alors j’ai dit : « Voici, je viens pour faire ta volonté ». Le même appel nous est adressé, à chacun de nous aujourd’hui : « Et maintenant, va vers tes frères. Je t’envoie pour les libérer ».

Un avertissement ensuite : c’est la parabole du figuier. La patience de Dieu est infinie. Il accepte que nous soyons nourris de la Parole, mais à condition que nous donnions du fruit.

Et pour que nos vies fructifient, il nous faut choisir à nouveau Dieu. Et pour renouveler notre choix, il nous faut faire mémoire  de ce qu’il a fait pour nous depuis la sortie d’Egypte, des soins qu’il a apporté à la plante fragile et trop souvent stérile qu’est son peuple dont nous sommes. Que cette eucharistie nous aide à raviver cette alliance entre Lui et nous. Nous porterons alors du fruit et nous vivrons.

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