Cinquième dimanche dans l'année C - 2000/2001

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La barque de Simon-Pierre était vide. Après toute une nuit de pêche sur un lac pourtant poissonneux. Or il connaissait son métier. Et peu de temps après, les deux barques sont pleines à craquer... Que s'est-il passé ?

La barque de notre Église nous paraît souvent vide aujourd'hui, malgré les réformes et les restructurations, les conseils et les projets de toutes sortes. Les apôtres d’aujourd’hui rentrent souvent bredouilles, les filets désespérément vides, le cœur en écharpe et l’esprit humilié… Et pourtant il y avait deux millions de jeunes à Rome l'été dernier. Est‑ce la solution du problème ? Certes non. Mais il est sûr que la foi ne se transmet pas automatiquement et que nous avons besoin de moments forts pour expérimenter la présence divine, entendre l'appel du Seigneur et y répondre. C'est ce qui est arrivé à Pierre, à Paul, et à Isaïe.

Simon a été rejoint dans son activité quotidienne, marquée, il est vrai, par un gros échec. Paul le voyageur, c'est sur la route qu’il vit la rencontre de sa vie. Pour Isaïe, le diplomate de la cour du roi, c'est la solennité de la liturgie du Temple qui va le frapper d'émerveillement et de stupeur.

Tous trois ont une réaction semblable. Après l'étonnement, il y a le recul, l'effroi de celui qui se découvre tout à coup si petit devant tant de grandeur, si misérable face à tant de sainteté. « Je suis un homme aux lèvres impures », dit le prophète. « Seigneur, éloigne-toi car je suis un homme pécheur », dit Pierre. Tandis que Paul évoquera « l'avorton que je suis, moi qui suis le plus petit des Apôtres ». Oui, la  découverte de la grandeur divine fait prendre conscience de la petitesse humaine. L'histoire ne s'arrête pas là, car Dieu reprend l'initiative : « sois sans crainte... ton péché est pardonné... » Et Isaïe répond « je serai ton messager ». Et Simon, Jacques et Jean ramènent les barques au rivage, et laissant tout,  partent à sa suite.

Remarquez enfin l'ordre dans lequel tout cela se déroule. Ce n'est pas l'homme qui prend l'initiative de faire pour Dieu quelque chose de sensationnel. C'est Dieu qui prend l'initiative de toucher le cœur, l'imagination, les sens de l'homme. Puis, après un temps d'arrêt et surtout une parole divine qui le place dans la confiance, l'homme devient apôtre, envoyé pour réaliser non plus son oeuvre propre mais l’œuvre du Seigneur.

C'est donc à passer de la peur à la confiance que nous sommes appelés. Le succès ne dépend pas de nous Il nous faut fidèlement et modestement jeter nos filets. Et Dieu, à son heure,  s’occupera de les remplir.

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